Pierre CORVOL

 

` sommaire

 

Pierre Corvol est né le 18 août 1941 à Boulogne (Seine). Il a mené ses études secondaires au lycée Condorcet, et supérieures en facultés de médecine et des sciences de Paris.

 

Docteur en médecine, diplômé d'études approfondies en biochimie.

Interne des hôpitaux de Paris (1964), International Post-Doctoral Research Fellow aux National Institutes of Health, Etats-Unis (1969), chef de clinique - assistant des hôpitaux (1971), professeur agrégé à la faculté de médecine Broussais - Hôtel-Dieu (1976), chef du service d’hypertension artérielle à l’hôpital Broussais, puis de l’hôpital Européen Georges Pompidou jusqu’en 2007 et actuellement médecin de l’hôpital européen Georges Pompidou. Directeur de l'unité de recherche 36 de l’Inserm de pathologie vasculaire et endocrinologie rénale (1983-2006), directeur de l’institut fédératif de recherche « Transduction de signaux : molécules à actions centrale et périphérique » du Collège de France. Professeur au Collège de France (chaire de médecine expérimentale) depuis 1989. Administrateur du Collège de France depuis 2006.

 

Instances scientifiques

Membre du collège de direction scientifique (CODIS) de l’Inserm (1985-1996), conseiller auprès du directeur général pour le développement de la recherche clinique et la création des centres d’investigation clinique (1988-1996), président du conseil scientifique (1999-2003).

 

Sociétés savantes – Académies

Président de la Société française d'hypertension (1990-1992), membre de l’European Society of Hypertension, de l'American Endocrine Society, de l'International Society of Hypertension, du Council for High Blood Pressure Research, de l’European Academy of Sciences.

Président du conseil scientifique de l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (2003-2006), membre du conseil d’administration de la Fondation pour la recherche médicale (2000-2006), président du conseil d’administration de l’Ecole normale supérieure (2001).

Correspondant puis membre (1995) de l'Académie des sciences - Institut de France, membre étranger de l’American Academy of Art and Sciences (1995), membre associé de l’Académie royale de médecine de Belgique.

 

Distinctions – Prix

Prix de la recherche sur l'hypertension artérielle - Ligue nationale contre l'hypertension artérielle (1973), grand prix Claude Bernard de la Ville de Paris (1980), Young Researcher Award - International Society of Hypertension (1980), prix Jeanine Courrier de l'Académie des sciences – Institut de France (1981), AC Corcoran Lecture Award, Council for High Blood Pressure Research, Cleveland (1982), American Heart Association (1982),

Recipient of the Laurence B. Ellis Lecture - Havard Medical School (1983), European Society of Clinical Investigation (1984), Ciba Award for Hypertension Research - Council for High Blood Pressure Research (1985), grand prix scientifique de la ville de Paris (1985), European Medal, British Society of Endocrinology (1990), International Foundation SPA Prize (1990), Humboldt Award (1993), Robert Tigerstedt Award - American Society of Hypertension (1998), prix de littérature/MEDEC (2000), International MSD Award - Society of Hypertension (2004).

Grand prix Inserm de la recherche (2006).

Officier de la Légion d'honneur et Commandeur de l'Ordre national du mérite.

 

Travaux scientifiques

L’équipe de Pierre Corvol est internationalement reconnue pour avoir élucidé la structure et la fonction du système rénine-angiotensine-aldostérone, système hormonal qui régule le métabolisme de l’eau et du sel et contrôle la pression artérielle. Les travaux de cette équipe ont permis des avancées décisives dans la compréhension et le traitement de l’hypertension artérielle et des maladies cardiovasculaires.

C’est durant son internat en médecine que Pierre Corvol s’oriente vers la recherche. Après avoir obtenu un diplôme d’étude approfondie (DEA) de physicochimie et de biologie moléculaire, sous l’impulsion de Paul Milliez, le grand clinicien de l’hypertension artérielle, il part aux Etats-Unis en 1969 et travaille sur les récepteurs des hormones stéroïdes dans un laboratoire des National Institutes of Health à Bethesda.

Durant ce séjour, naît en lui l’idée de travailler sur le système rénine dont on ignorait tout. A son retour, en 1971, il entre dans l’unité de recherche 36 de l’Inserm « Pathologie vasculaire et endocrinologie rénale », dirigée alors par Edouard Housset. Avec Joël Ménard, qu’il avait connu durant son internat, il décide de se consacrer à la biochimie des maladies cardiovasculaires et, notamment, à l’hypertension artérielle qui était devenue une question de santé publique. Il travaille d’abord sur la rénine. Il isole la rénine de porc puis, conseillé par Pedro Cuatrecasas, le père de la chromatographie par affinité et aidé par Joël Ménard, il purifie la rénine humaine, en faibles quantités qui lui permettent, néanmoins, d’obtenir des anticorps.
En 1975, Pierre Corvol rejoint l’équipe du Pr Umezawa au Japon, dont le procédé de production d’inhibiteurs de pepsine (protéases proche de la rénine) par des actinomycètes, lui permet d’isoler de la rénine de rat, de porc et d’homme en quantités plus importantes.

En 1979, la première purification et caractérisation complète de la rénine humaine est publiée par l’équipe de Pierre Corvol, suivie trois ans plus tard par le clonage de la rénine de souris, puis plus tard par celui de la rénine humaine. Pierre Corvol et son équipe purifieront également l’angiotensinogène (substrat de la rénine) chez le rat puis l’enzyme de conversion de l’angiotensine chez l’homme. Le clonage du gène de l’enzyme de conversion de l’angiotensine humaine sera réalisé en 1988 par son équipe.

L’application thérapeutique de ces travaux sera le développement d’anticorps monoclonaux et polyclonaux de la rénine et de l’angiotensinogène, une collaboration avec Sanofi permettant de mettre au point le premier test ELISA de la rénine.

Egalement clinicien, Pierre Corvol a soigné, en premier lieu, les hypertendus, mais également les sujets atteints d’affections moins répandues de la glande surrénale comme le syndrome de Conn, les phéochromocytomes ou des tumeurs rénales de l’appareil juxtaglomérulaire, qui se traduisent par une production excessive de rénine, et c’est d’ailleurs une dizaine de ces cas rares qui a permis d’en accélérer le séquençage et de mettre au point les anticorps monoclonaux antirénine.

À la fin des années 1980, avec Florent Soubrier et Xavier Jeunemaître, il décide d’explorer les bases génétiques de l’hypertension artérielle humaine. L’activité clinique de Pierre Corvol va leur permettre de disposer d’un fichier de 30 000 malades présentant ou non des antécédents familiaux. Une première analyse conduit à identifier plusieurs polymorphismes des gènes de la rénine, de l’angiotensinogène, de l’enzyme de conversion de l’angiotensine et du récepteur de l’angiotensine. Certains sont clairement associés à des phénotypes et sont donc des candidats pour la prédisposition aux maladies cardiovasculaires et aux complications rénales du diabète. Cette voie est aujourd’hui en cours d’exploration.

Pierre Corvol eut l’intuition que l’angiotensine, outre la régulation du flux sanguin, contribuait à la formation de la paroi artérielle. En 1997, il effectue un bref séjour à Boston, alors endroit clé de la recherche sur l’angiogenèse (formation de nouveaux vaisseaux), pour approfondir cette intuition qui se révèle fructueuse et devient une hypothèse de travail. Les peptides vasoactifs comme l’angiotensine et l’endothéline ne font pas que modifier le débit sanguin par vasoconstriction, ils possèdent bel et bien un effet trophique sur les cellules musculaires vasculaires. Ils peuvent également participer à la création de nouveaux vaisseaux. Les maladies cardiovasculaires ne sont pas les seules concernées par ces travaux, puisque les cancers activent fortement l’angiogenèse, à mesure que la tumeur primitive se développe. L’angiogenèse et le remodelage de la paroi artérielle au cours du développement embryonnaire et dans les maladies cardiovasculaires sont ainsi devenus la thématique de l’unité de recherche 833 de l’Inserm « Angiogenèse embryonnaire et pathologique » qui a succédé à l’unité 36 et dans laquelle Pierre Corvol dirige une équipe.