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Paul Aronssohn, un agrégé strasbourgeois

nommé à Nancy en 1872, mais jamais venu !

P. LABRUDE

 

 

Paul Aronssohn naît à Strasbourg le 6 janvier 1833. Il est l’un des enfants de Jacques Léon Aronssohn, né à Metz, médecin, et dont le père avait lui-même été médecin à Pont-à-Mousson.

 

Paul Aronssohn suit les traces de son père. Il est interne des hôpitaux de Strasbourg de 1854 à 1856, année où il soutient sa thèse. A la Faculté, il est prosecteur d’anatomie avant de devenir agrégé en 1863 et médecin adjoint des Hospices deux ans plus tard. Il le reste jusqu’à novembre 1871. Agrégé, il est chargé de conférences de pathologie interne, et, en 1869, de la suppléance de la chaire de clinique médicale (dans son dossier de Légion d’honneur, il écrit seulement « de la clinique interne ») pour une durée de trois mois. Il est aussi le rédacteur de plusieurs monographies, et il effectue différents voyages et séjours dans des universités étrangères. C’est dans ce contexte qu’il rencontre Wirchow à Würzburg, qu’il devient son ami et, qu’ayant connaissance de son ouvrage Die Cellular Pathologie, paru en 1858, il le traduit sous le titre de Pathologie des tumeurs. Cette traduction est publiée à Paris en quatre volumes entre 1867 et 1876.

 

Pendant le conflit de 1870, Aronssohn sert aux ambulances du grand séminaire et du petit séminaire de Strasbourg en compagnie d’internes des hôpitaux et de François-Joseph Herrgott, lui aussi agrégé de la Faculté et par ailleurs futur professeur à Nancy. Un arrêté ministériel du 24 décembre 1870 le nomme médecin major (capitaine) à titre auxiliaire du Service de santé militaire, et répétiteur à l’Ecole de santé militaire de Montpellier. C’est bien sûr l’Ecole qui était à Strasbourg depuis 1856. Elle est repliée dans cette ville en raison de la présence de la Faculté de médecine. Cette fonction militaire cesse le 1er avril 1871. Paul Aronssohn est nommé chevalier de la Légion d’honneur le 19 août 1871.

 

L’Annexion étant acquise, Aronssohn décide de quitter Strasbourg, la Faculté, les Hospices civils et la carrière hospitalo-universitaire pour exercer la médecine praticienne à Paris. Il aurait pu venir à Nancy puisqu’il y est nommé par le décret de transfèrement et y poursuivre sa carrière à l’université et à l’hôpital. De plus, Nancy est proche de Pont-à-Mousson où sa famille a eu des attaches.

 

Nommé à Nancy et bien qu’il n’y vienne pas, Aronssohn figure pendant plusieurs années sur la liste des agrégés de la Faculté de médecine. Les comptes rendus de la séance solennelle de rentrée de l’université, dans lesquels figure le rapport annuel du doyen Stoltz, mentionnent son nom. En 1872-1873, il est cité comme étant l’auteur d’un ouvrage. Mais, en 1875, son nom a disparu. Dans le compte rendu de l’année 1877-1878, le doyen écrit : « Trois de ces collègues n’ont jamais fait acte de présence à la Faculté ». A côté d’Aronssohn, ce sont les agrégés militaires Fée et Sarazin, qui ont poursuivi leur carrière sous les armes et ne sont pas devenus professeurs. 

 

C’est à Paris que Paul Aronssohn meurt le 28 mai 1887, à l’âge de cinquante-quatre ans. Son père, Jacques Léon déjà cité, avait été lui aussi agrégé de la Faculté de médecine de Strasbourg, et il était devenu le médecin du roi Louis-Philippe. Le frère de Paul, Jules, né en 1830, a été médecin militaire.