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Les architectes des Hôpitaux de Nancy

Projets et réalisations : 1877-2006

 

par H. CLAUDE

Professeur à l'Ecole des Beaux-Arts et à l'Ecole d'Architecture de Nancy

 

La décision prise en 1877 par la Ville de Nancy et par la Commission Administrative des Hospices d’abandonner définitivement les projets d’agrandissement de l’Hôpital Saint-Charles, particulièrement vétuste, et d’édifier un nouvel établissement conforme aux justes exigences de l’hygiène, dans un quartier sain et aéré, s’avèrera, au cours des ans, extrêmement sage. Nancy va connaître en effet une croissance exceptionnelle, sa population passant de 48476 habitants en 1871 à 111949, population militaire comprise, en 1911 : c’est dire que les édiles vont constamment être confrontés à la nécessité de décongestionner des quartiers surpeuplés, à l’habitat souvent précaire et insalubre.

 

Tout proche de la limite de la ville historique marquée par la Porte Saint-Nicolas, le site choisi pour le nouvel Hôpital Civil est desservi par la grande voie qui mène à l’église de Bonsecours puis à Saint-Nicolas-de-Port. Sur cette rue de Strasbourg (ex rue du Faubourg Saint-Pierre) que parcourt, depuis 1874, une ligne de tramway, vient de se construire faisant face à l’Hôtel des Missions Royales, la nouvelle église Saint-Pierre, œuvre néogothique de Vautrin que Rougieux terminera en 1884. Faisant preuve d’une louable clairvoyance, la Commission des Hospices a acheté antérieurement de vastes terrains bordés au Nord-Ouest par la rue de la Prairie (aujourd’hui rue Albert Lebrun), ancien chemin du Faubourg Saint-Pierre, menant directement des remparts de la Ville Neuve à l’immense prairie de la Meurthe dite Prairie de Tomblaine quasiment vierge de constructions. L’opération est menée avec efficacité par la Commission des Hospices, par la Ville qui s’implique totalement dans le projet et par la Faculté de Médecine en la personne, notamment, du professeur Gabriel Tourdes. En spécialiste, celui-ci (qui sera Doyen de 1879 à 1888) définit clairement, dans un rapport magistral en date du 9 mai 1877, les conditions les plus satisfaisantes tout à la fois pour le service des malades et celui de l’enseignement. Une des principales conditions du programme adopté par les donneurs d’ordres précise que « les bâtiments seront séparés et isolés entre eux ; ceux des malades auront leurs faces longitudinales placées dans le sens des vents dominants afin d’avoir une ventilation plus complète pour enlever les miasmes putrides des salles, avantage que n’offre point le système de placer le long de ces bâtiments des ailes formant des cours qui sont de véritables réservoirs pestilentiels, tandis que les pavillons séparés ont été reconnus favorables sous le rapport hygiénique. Afin de ne point entraver les communications, les bâtiments seront reliés entre eux par des portiques couverts, fermés en hiver par des vitrages enlevés pendant l’été…».

Le programme prévoit pour un avenir plus ou moins proche une capacité de 500 lits en admettant toutefois que la première tranche de travaux s’en tienne, pour des raisons de financement, à 300.

 

Le soin de rédiger un projet conforme à ce programme est confié à Prosper Morey, architecte de la Ville : dans ses accords avec ses partenaires, la Ville de Nancy qui a accepté de prendre en charge la quasi-totalité des frais de l’opération, impose ainsi son architecte au détriment, en quelque sorte, de Ferdinand Genay, l’architecte des Hospices ; comme c’est le cas pour le Département et pour l’Evéché, la très active Commission des Hospices a, en effet, décidé de s’attacher son propre architecte : aussi, des problèmes de préséance de ce genre vont-ils se poser à plusieurs reprises dans l’histoire des établissements hospitaliers nancéiens. Il est vrai que Prosper Morey est une des gloires de la Ville tout à la fois pour son talent, son érudition, son dévouement inlassable, sa bonté et sa probité ; d’ailleurs Ferdinand Genay lui-même en fera, sur la tombe de son vénéré Confrère décédé en 1886, le plus grand et le plus sincère éloge, présentant Morey comme « l’exemple immortel de l’honneur et de la dignité professionnelle… » 

 

                           

Prosper Morey                                                                       Albert Jasson

                     Portrait par Sellier (1880)                                                    Portrait par Friant (1911)     
                                                                                                                Nancy, Musée des Beaux-Arts

 

Prosper Morey (1805-1878), fils de plâtrier, est né à Nancy. Il est admis très jeune à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Il y intègre l’Atelier réputé d’Achille Leclère y menant de très brillantes études couronnées, en 1831, par le prestigieux Premier Grand Prix de Rome. Cette distinction lui vaut un long séjour à la Villa Médicis de 1832 à 1837 : constituée par une partie de ces Envois de Rome que, comme tout pensionnaire, Morey est tenu d’envoyer à l’Académie d’Architecture, une belle exposition au Musée des Beaux-Arts de Nancy en 1990, permettait au public d’apprécier son talent à travers les superbes dessins et relevés archéologiques réalisés par le jeune architecte à Rome, Florence, Naples, Pompéi, Messine, Athènes et Smyrne. Après avoir pris en charge quelques chantiers importants comme la restauration de l’Abbaye de Saint-Omer, Morey, fidèle à sa ville natale, accepte, en 1850, le poste devenu vacant d’Architecte de la Ville que lui propose la Municipalité.

Dès lors il va construire à Nancy et en Lorraine un nombre impressionnant d’édifices privés, maisons, hôtels particuliers et châteaux (tel celui de l’Asnée à Villers-lès-Nancy) et, surtout, de bâtiments publics de première importance : marché couvert, grandes serres du jardin botanique, six églises (dont, à Nancy, Saint Vincent-Saint Fiacre et la nouvelle église Saint-Nicolas) dix grandes écoles communales, trois salles d’asile, des ponts, des fontaines, des monuments honorifiques… ses œuvres les plus connues étant le Palais des Facultés inauguré solennellement en 1862, l’église Saint-Epvre, l’un des plus grands édifices néogothiques français et, bien entendu, l’Hôpital Civil.

Architecte des Monuments Historiques de Meurthe-et-Moselle, membre correspondant de l’Académie des Beaux-Arts, de l’Institut Archéologique de Rome, de l’Institut Royal des architectes britanniques, il est également président d’honneur des anciens élèves de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Outre son activité d’architecte, il est l’auteur de maintes excellentes études, notamment sur Boffrand, Héré, Mique, Cyfflé et de savantes communications sur divers artistes lorrains à l’Académie de Stanislas dont il est le Président en 1868. Quand la Municipalité fait appel à lui pour mener la construction du nouvel Hôpital Civil il a déjà 74 ans mais il ne se dérobe pas et s’implique corps et âme dans la bonne marche des opérations. S’il intègre sans aucune réticence les exigences des hygiénistes, le Premier Grand Prix de Rome n’en oublie pas pour autant les Grandes Leçons de l’Ecole des Beaux-Arts. Anticipant l’achat par la Ville de quelques propriétés mitoyennes sur la rue de Strasbourg et prenant en compte les 8 m de dénivellation entre le haut et le bas de la parcelle longue de 290 m, le plan régulier qu’il trace s’inscrit dans l’esprit du Grand siècle : une grande entrée monumentale, une Cour d’Honneur quadrangulaire, puis dans l’axe médian, cœur du dispositif, une chapelle (à laquelle on a trouvé quelque parenté avec celle du château d’Anet) pouvant contenir 300 personnes ; puis, conformément au programme, deux bâtiments jumeaux bordés de galeries-promenoirs, parallèles et bien rythmés, longs de 130 m, larges de 9 m, séparés, sur une largeur de 40 m, par des cours-jardins, la rupture de niveau du terrain étant compensée, à leur mi-parcours, par un étage supplémentaire d’arcades en soubassement.

Dans un petit ouvrage imprimé par Berger-Levrault en 1883, année où a lieu, le 20 octobre, l’inauguration des premiers bâtiments, Morey va d’ailleurs faire une relation détaillée de ses choix architecturaux, n’omettant pas de décrire les bâtiments qu’il a prévus pour une seconde tranche de travaux ; avec une modestie qui n’est pas feinte, il n’oublie pas de signaler ce qu’il doit à ceux qui « l’ont aidé de leurs conseils et dirigé tous les travaux avec le talent qui les caractérise » : l’Adjoint au Maire, M. Sidrot (dont Friant fit le beau portrait) et M. Gottereau, architecte, ingénieur, conducteur général des travaux de l’Hôpital. Le 1er mai 1887, le premier numéro d’un nouvel hebdomadaire, L’Immeuble et la Construction dans l’Est,  s’ouvre sur un hommage à Morey « digne successeur d’Héré et de Mique »  et sur la description fort louangeuse (poursuivie dans les numéros suivants) du magnifique Hôpital Civil. L’auteur de l’article précise en outre que, comme ce fut le cas pour la totalité des chantiers qui ont été dirigés par Morey « Tous ces travaux ont été exécutés sur devis dressés par l’auteur des projets sans que les prévisions de la dépense aient jamais été dépassées », compliment qui n’est pas mince. L’opinion des Nancéiens est, semble-t-il, tout aussi positive. Quelque vingt ans plus tard, dans la préface datée du 15 décembre 1905 qu’il donne à l’ouvrage de L. Boppe, Les établissements publics hospitaliers de Nancy, Edgar Audiat, vice-président de la commission des Hospices Civils glisse néanmoins dans son propos quelques nuances : il admet volontiers « qu’au point de vue de la salubrité, de l’espace, de l’orientation, de la distance à la Ville et à la Faculté de Médecine, tout est parfait. Les salles des malades spacieuses, hautes de 5 m, bien éclairées, aérées, chauffées, ne laissent rien à désirer sous le rapport de l’hygiène et des besoins de l’enseignement ». Mais il regrette vivement que la cuisine ne soit pas au même niveau que les salles des malades, ce qui occasionne de grands désagréments. Ne partageant manifestement pas la hiérarchie des fonctions telle que la concevait Morey, il en accuse la chapelle que le rapport Tourdes désirait d’ailleurs voir placée à l’angle des rues de Strasbourg et de la Prairie. « La chapelle – écrit-il – s’élève à la place d’honneur où, certes, elle fait le meilleur effet décoratif ; mais comme elle est surtout fréquentée par des valides, il n’y aurait eu aucun inconvénient à l’éloigner un peu… Pour bien faire – conclut-il – la cuisine aurait dû être mise à la place de la chapelle, c’est-à-dire au centre rayonnant vers les services à alimenter » : c’est là un épisode nancéien du conflit, qui va agiter le siècle, entre respect des valeurs symboliques et fonctionnalité.

 

Albert Jasson (1849-1923) qui succède à Prosper Morey dans les fonctions d’architecte de la Ville de Nancy a été désigné comme tel, après concours, dès avril 1881 : pourtant, par déférence pour Morey à qui, bien au-delà de l’âge de la retraite, la Municipalité a voulu néanmoins confier la conception et le suivi du chantier de l’Hôpital Civil, il en a laissé la totale direction à son prédécesseur : fort honnêtement, celui-ci reconnaît lui-même, dans une lettre au Maire de Nancy, que cette direction revenait pourtant « de droit et de fait »  à Albert Jasson. Pour succéder à son Premier Grand Prix de Rome, la Ville a tenu à recruter un architecte de haut niveau ; aussi, est-il précisé dans les modalités du concours que celui-ci doit être officiellement diplômé, ce qui réduit considérablement le nombre des candidats éventuels : le Diplôme est, en effet, de création récente ; délivré par la section d’architecture de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, il a été créé en novembre 1867 mais il n’est pas encore rendu obligatoire pour ouvrir une agence d’architecte. C’est ainsi qu’en 1876 il n’existe que neuf architectes diplômés par le gouvernement (D.P.L.G.) et il faudra attendre 1887 pour connaître un premier architecte D.P.L.G. originaire de Nancy, en la personne de Lucien Weissenburger qui va devenir un des membres les plus talentueux de l’Ecole de Nancy.

Né à Bordeaux, fils d’un entrepreneur en bâtiment, Albert Jasson, entré en 1873 à l’atelier Jules André de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris est, quant à lui, diplômé en 1880. Avant de concourir il a occupé le poste important de sous-inspecteur des Bâtiments Civils au Ministère de l’Agriculture et du Commerce et sa candidature au poste nancéien est très soutenue par son ancien maître, Jules André, et par Alfred Mézières. Le nouvel architecte de la Ville ne manque ni de qualités ni de talent mais il a pourtant, aux yeux d’un certain nombre de ses confrères le défaut d’être un personnage hybride « mi architecte, mi rond-de-cuir »  qui a de plus, par une clause de son contrat avec la Ville, le privilège, jugé exorbitant par ceux-ci, d’avoir une clientèle privée. Or, aux yeux de ses détracteurs, Jasson use de ce droit au-delà des limites ; en 1906, l’Immeuble et la Construction dans l’Est (qui poursuit Jasson de sa vindicte tout au long de sa carrière) déclare, sous la plume d’Emile Jacquemin, que « des 33 architectes de Nancy inscrits sur l’Annuaire de Meurthe et Moselle, sur les 60 environ de tout le département parmi lesquels il y a une vingtaine d’architectes diplômés par le Gouvernement, c’est, à beaucoup près, M. Jasson qui gagne le plus d’argent ». Mais si, effectivement, le nombre de ses constructions privées, châteaux, hôtels particuliers, maisons de rapport, grands magasins, sièges de sociétés… est important, plus impressionnante encore est sa contribution à l’architecture publique : gymnase municipal, Cercle des Etudiants rue Gustave Simon, très nombreuses écoles primaires et maternelles, extension du Lycée de garçons, Lycée Jeanne d’Arc, Institut de Chimie, Institut Electrotechnique, Institut de Mécanique appliquée, Institut de Physique et de Mathématiques, Salle et Galeries Poirel, la liste étant loin d’être complète. En ce qui concerne l’architecture hospitalière, il va intervenir en divers lieux ; à l’Hôpital Central, il construit à partir de 1891 le Pavillon Virginie-Mauvais, du nom de ce personnage hors du commun, institutrice laïque aux méthodes pédagogiques novatrices (elle fut la préceptrice du jeune Emile Gallé) qui fit à la ville un legs extrêmement important de 4 MF en précisant que cette somme serait notamment affectée à la contruction d’un pavillon spécialement réservé aux enfants malades : Jasson construit un pavillon en unité d’aspect avec ceux de Morey, rez-de-chaussée, un étage et un étage de combles, bâtiment qu’il place perpendiculairement aux extrémités des longs bâtiments de Morey terminant ainsi, tout naturellement la composition de son prédécesseur. Notons que c’est également Jasson, associé comme il le sera pour plusieurs monuments honorifiques à son ami l’excellent sculpteur Ernest Bussière, qui réalisera la tombe de Virginie Mauvais au cimetière de Préville.

A la même époque, en 1892, il conçoit le bâtiment de l’Institut Anatomique qui va recevoir les services d’anatomie, d’histologie, de physiologie, d’anatomie pathologique, de médecine opératoire, de médecine légale et de bactériologie de la Faculté de Médecine : celle-ci va ainsi pouvoir quitter en partie ses locaux de la Place de l’Académie et se rapprocher de l’Hôpital Civil. Un peu plus tard, les autres services et l’administration viendront s’installer en face de l’Institut Anatomique.  A  cette  occasion  est créée, à travers la Prairie des Sœurs de Saint-Charles une nouvelle artère à laquelle on donnera le nom de rue Lionnois. Tout aussi fidèle aux leçons de l’Ecole des Beaux-Arts que celui de Morey, le plan de cet Institut dressé par Jasson ouvre sur la rue une vaste Cour d’Honneur entourée sur trois côtés : bâtiment majeur en façade, valorisé en sa partie centrale par l’emploi de pilastres et par un fronton se découpant sur le toit en pavillon, bâtiments latéraux en retour d’équerre. L’unité est faite à l’étage par de hautes fenêtres régulièrement espacées et, au rez-de-chaussée, par de grandes arcades en arc surbaissé donnant accès à une galerie de circulation sur laquelle s’ouvrent des séquences de salles assumant diverses fonctions. La partie centrale du bâtiment majeur s’allonge vers l’arrière pour accueillir la salle des examens puis le grand amphithéâtre. Enfin, un long rectangle perpendiculaire abrite une salle de dissection de plus de 400 m². Notons que le plan Jasson prévoit également, depuis la rue, des rampes, longeant l’arrière de chacun des bâtiments latéraux pour l’accès des voitures dans le sous-sol. Terminé et déjà largement occupé dès 1894, l’Institut sera inauguré solennellement en 1896. A l’angle de la rue de Bitche et de la rue Lionnois qui, au cours des années, se verra de plus en plus consacrée à la Médecine, Jasson construit également l’Institut sérothérapique destiné à la production de sérum antidiphtérique. Créé grâce aux libéralités du mécène Osiris et à une souscription publique, cet Institut est lui aussi inauguré en 1896. D’abord indépendant de la Faculté de Médecine il lui sera rattaché en 1899.

Dès 1897 un autre chantier très important va être confié à Jasson. La Ville ayant décidé de désaffecter le vieil Hospice Saint-Julien, a préféré en reconstruire un autre (qui portera le même nom) sur le terrain dit Le cimetière de Saint-Nicolas augmenté du terrain y attenant dit dépôt des matériaux de la Ville. Elle se réserve une nouvelle fois le droit de faire appel à son architecte municipal, celui des Hospices, Ferdinand Genay étant dédommagé des études qu’il a faites en aval. Sur ce terrain séparé du Pavillon Virginie-Mauvais par le confluent rue Molitor, rue des Jardiniers et rue Albert Lebrun, Jasson dessine encore un plan dans la grande tradition Beaux-Arts : un premier ensemble sur rue, autour d’un jardin très ordonné, comportant un grand pavillon de façade (dit Pavillon de l’Horloge ou Pavillon Spillmann) avec deux ailes en retour d’équerre est suivi, dans l’alignement exact, par un deuxième ensemble composé de la même manière et quasiment de mêmes dimensions : le dernier bâtiment, parallèle au pavillon de l’Horloge, intègre en son centre la chapelle qui, comme celle de Morey, constitue la ponctuation majeure sur l’axe de symétrie. En 1905, Edgar Audiat déclare : « Ce nouvel hospice peut être considéré comme plus parfait encore que l’Hôpital Civil surtout du point de vue de la distribution des services ». Quant à Christian Pfister il écrit : « Les vieillards possèdent désormais à l’extrémité sud de notre ville un édifice superbe avec des jardins, de l’air et du soleil, et l’art a embelli de ses décorations les lignes sobres de l’architecture… ».

Jasson a effectivement fait appel à ses amis artistes : Bussière a orné le frontispice de la façade du pavillon de l’Horloge d’un grand bas-relief représentant  un génie consolateur offrant l’asile et les dons de la solidarité humaine, et la chapelle s’orne d’une grande fresque des décorateurs Maclot et Martignon et d’une belle rosace de Jacques Gruber. L’ensemble architectural de Jasson que l’on s’accorde généralement, à l’époque, à trouver « moderne et spacieux, d’un goût architectural fort distingué », a, aujourd’hui encore, belle allure.

Sur le plan de la Ville de Nancy qu’a dressé et édité Albert Barbier en 1911 (année de la retraite pour Jasson) l’ensemble des édifices hospitaliers et universitaires apparaît dans une composition particulièrement claire et régulière, régularité à laquelle le pavillon de la Clinique d’Ophtalmologie de l’Hôpital Civil construit par Ferdinand Genay est venu contribuer en 1898.

 

Ferdinand Genay (1846-1909) est né à Nancy. Fils d’architecte, il a fait d’excellentes études à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et dès 1874, il cumule déjà les fonctions d’Inspecteur des édifices diocésains, d’Inspecteur des Monuments Historiques, d’Architecte des Hospices et Hôpitaux de Nancy et d’Architecte de l’Asile public d’aliénés de Marseille dont il dessine le plan général en 1879. Comme celle de Jasson la liste de ses travaux est impressionnante : il fait d’ailleurs éditer un recueil de 49 lithographies représentant une partie de ses réalisations à Nancy et ses environs. Nous n’en citerons ici qu’une partie : Nouvelle église Saint-Joseph (avec Léopold Hardy), Ecole Saint Sigisbert, Hospice Saint-François à Saint-Nicolas-de-Port, bureaux de l’usine Solvay à Dombasle, Mairie de Chaligny, Groupe scolaire et Mairie d’Araucourt, façades  du  magasin A l’Homme de Fer et du magasin Wiener, 32 et 53 rue des Dominicains, et une quantité de grandes demeures bourgeoises nancéiennes. Ajoutons qu’il restaure l’ancienne église Saint-Pierre qu’avait construite Jennesson en 1736 et qu’il veille, en tant qu’Inspecteur, aux travaux de restauration à l’église de Blénod-lès-Toul et à la Basilique de Saint-Nicolas-de-Port. La Ville ayant acquis les propriétés adjacentes sur la rue de Strasbourg, c’est en 1898 que Genay construit le pavillon d’Ophtalmologie auquel on donne le nom de Pavillon Léonie Bruillard-Balbâtre. Conforme au plan primitif de Morey et en intelligente unité d’aspect avec les bâtiments voisins, il prend naturellement sa place sur le Côté Est, non encore construit, de la Cour d’Honneur. Entre 1900 et 1902, à la demande du professeur Paul Spillmann, créateur de l’Oeuvre Lorraine d’assistance aux tuberculeux, Ferdinand Genay construit également le premier bâtiment du Sanatorium de Lay-Saint-Christophe, établissement qui sera agrandi quelques années plus tard pour atteindre une capacité de 50 lits.

Genay est, en l’occurrence, associé à son talentueux cadet, le Nancéien Lucien Weissenburger (1860-1929), architecte D.P.L.G. en 1887, installé en 1892 dans sa ville natale où il s’est déjà fait une flatteuse réputation : rappelons seulement qu’en 1903-1905, pour l’imprimeur Bergeret, membre, comme lui-même, du Comité Directeur de l’Ecole de Nancy, il est l’architecte des ateliers et de la superbe maison du 24 rue Lionnois qui accueillera, en 1950, l’Administration de la Faculté de Médecine.

 

                                          

 Ferdinand Genay                         Lucien Weissenburger                     Georges Biet

 

Georges Biet (1869-1955), qui succède à Ferdinand Genay au poste d’architecte des Hospices et des Hôpitaux de Nancy, tient une place extrêmement importante dans l’activité architecturale de la Ville. Né lui aussi à Nancy et fils d’architecte comme son prédécesseur, il est d’abord élève à l’Ecole Professionnelle de l’Est. Il y acquiert une très utile formation technique qui lui permettra d’aborder, avec une compétence admirée par ses pairs, l’emploi du fer et du béton, puis il fréquente l’agence de Jasson qui le prépare efficacement ainsi que deux autres candidats nancéiens, Henri Dufour et Paul Charbonnier, à l’admission à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris où ils intègrent tous trois l’Atelier Laloux. Architecte D.P.L.G. en 1896, il travaille d’abord chez son père et enseigne le dessin à l’Ecole Professionnelle de l’Est. S’il ne fait pas officiellement partie comme Charles et Emile André, Charles-Désiré Bourgon, Henry Gutton, Paul Charbonnier et Lucien Weissenburger de l’Ecole de Nancy, il est très lié avec l’un des trois Vice-Présidents, Eugène Vallin, le huchier médiéval qu’admire Gallé. En 1895, Vallin confie d’ailleurs à ce jeune homme non encore diplômé, la construction de sa maison du 6, boulevard Lobau dans la conception de laquelle il a manifestement pris lui-même, il est vrai, une large part. En outre, entre 1899 et 1903, Georges Biet construit à Nancy l’extension de la Maison Gaudin 97 rue Charles III, sa propre maison du 22 rue de la Commanderie, l’immeuble du Docteur Aimé et de la Société Générale, 42-44 rue Saint-Dizier (ces deux dernières constructions en collaboration avec Vallin) et le Restaurant-Guingette La Cure d’Air Trianon 47 rue Pasteur à Malzéville, ces quatre réalisations architecturales figurant en très bonne place dans tous les circuits touristiques consacrés à l’Ecole de Nancy.

Lorsqu’en 1909, il est nommé au poste d’architecte des Hospices de Nancy pour succéder à Genay (dont il était déjà l’adjoint) il va devoir reprendre un certain nombre de chantiers de son prédécesseur tant à l’Hôpital Central qu’à Saint-Julien ou au Sanatorium de Lay-Saint-Christophe. Une bonne partie de ses constructions sera en outre interrompue et très perturbée par la première guerre mondiale, de telle sorte qu’il va manifestement trouver dans cette activité peu rémunératrice, autant de désagréments que de satisfactions. A l’Hôpital Civil, grâce à un legs de Mme Veuve Poissonnier, la Commission des Hospices a l’heureuse opportunité de régler le problème préoccupant posé par l’inadaptation, l’exiguïté et la vétusté du petit pavillon des enfants donnant sur la rue de la Prairie. En 1911, Georges Biet remodèle totalement le bâtiment, le surélevant d’un étage et faisant plus que doubler son volume tout en l’adaptant à sa fonction. Ce bâtiment, qui pouvait de la sorte accueillir dans les meilleures conditions les consultations pédiatriques et une pouponnière, deviendra, en 1933, dispensaire d’hygiène sociale et de protection de l’enfance sous le nom de dispensaire Haushalter. Cette même année il a la charge d’établir deux hôpitaux importants sur un site au Sud de la Ville acquis, en 1906, par la Ville de Nancy qui en fait don à la Commission des Hospices. Il s’agit, dans le quartier horticole de Nabécor, d’une immense propriété qui abrita, au XVIIIe siècle, la maison de campagne du noviciat des Jésuites, puis, au XIXe, la Maison d’éducation pour jeunes filles appartenant aux Dames du Sacré-Cœur. Doivent être logés là, profitant des meilleures conditions de salubrité, un Hôpital-Sanatorium et un autre établissement destiné à accueillir la clinique de dermatologie et de syphiligraphie qui est alors logée à la Maison Départementale de Secours. La solution qui a été adoptée après de longues tergiversations, est de construire un bâtiment neuf pour le Sanatorium qui prendra le nom de Villemin, et de réemployer, en les aménageant, les grands et beaux bâtiments du pensionnat pour l’autre Hôpital, dit Maringer, du nom du Maire de Nancy à l’origine de l’opération.

En 1911, Georges Biet établit les premiers projets en collaboration avec Jasson (qui prend sa retraite cette année-là) et commence les travaux. L’aménagement des bâtiments accueillant l’Hôpital Maringer et l’Hôpital Fournier est terminé au printemps 1914, ce qui permet le transfert de la Clinique de Dermatologie-Syphiligraphie de la Maison de Secours. Viennent s’y ajouter deux cliniques complémentaires de Médecine et de Chirurgie. Quant à l’Hôpital Villemin, bâti à partir de l’automne 1911, à l’angle du Quai de la Bataille, sur une partie du parc très ensoleillée, il n’est pas tout à fait terminé quand éclate la guerre mais il peut être provisoirement aménagé pour, durant celle-ci, dispenser des soins aux militaires contagieux. Les travaux ayant repris à l’issue du conflit, l’Hôpital-Sanatorium de 250 lits, complété par divers bâtiments, dispensaire d’hygiène sociale, pavillon d’administration…, peut être ouvert en 1919-1920. Les commentaires des journaux de l’époque en apprécient la qualité architecturale et font l’éloge des services d’hospitalisation et des éléments de confort dont peuvent disposer les pensionnaires ; sur les photographies, les deux grands bâtiments quasiment jumeaux élevés sur quatre niveaux avec leurs grandes baies ouvertes sur de beaux jardins et le parc, ont effectivement belle allure.

A l’Hôpital Saint-Julien, Georges Biet entreprend parallèlement, en 1913, dans les jardins donnant sur la rue des Jardiniers, la construction du Pavillon Louise Elisabeth qui ne sera, lui aussi, terminé qu’après le conflit et qui abritera, de 1922 à 1926,  l’Ecole Régionale d’Infirmières.

C’est également après la guerre qu’il est chargé d’importants travaux au Sanatorium de Lay-Saint-Christophe qui a été affecté en 1914 aux autorités militaires et a subi de très graves détériorations. Les bâtiments ont été, en 1919, généreusement offerts par l’Oeuvre Lorraine d’assistance aux tuberculeux à la Commission Administrative des Hospices qui charge son architecte de les réparer, de les aménager et de les agrandir, de telle sorte que leur capacité d’hébergement passe de 50 à 130 lits. Georges Biet, qui se trouve confronté à des conditions de travail très difficiles et, surtout, à l’énorme augmentation des frais de construction, établit plans et devis ; les travaux eux-mêmes sont commencés en 1922 mais une cruelle campagne de presse à leur propos, menée par le journal l’Eclair de l’Est,  amène Biet, en octobre 1923, à donner sa démission d’architecte des Hospices, son successeur Pierre Le Bourgeois devant reprendre tous les projets et tous les chantiers en cours.

 

Pierre Le Bourgeois

 

Pierre Le Bourgeois (1879-1971), est né à Dieppe. Elève de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, à l’Atelier Redon, il s’installe à Nancy en 1907 ; il travaille cette année-là à l’agence Hornecker, ce qui l’amène à participer au chantier du Grand Théâtre. En 1908, il devient l’associé de Ferdinand Genay dont il reprend le cabinet l’année suivante. Architecte Municipal de Longwy et architecte des Monuments Historiques du département chargé de l’arrondissement de Briey à partir de 1922, il construit beaucoup dans la région, notamment à Hussigny-Godbrange, à Rehon-Heumont et à Herserange. Durant les quelque 20 ans où il réside à Nancy il est l’architecte de bâtiments qui comptent dans la ville : citons seulement, en 1912-1913 l’Hôtel pour l’administration du Journal l’Est Républicain, 5 bis avenue Foch et, dix ans après, lui faisant face, le nouvel immeuble des Magasins Réunis, le précédent, construit par Lucien Weissenburger, ayant été détruit en 1916. Associé pour l’occasion à Jean Bourgon, il réalise également le Pavillon de Nancy et de l’Est de la France à l’Exposition Internationale des Arts décoratifs de 1925. Le Bourgeois quitte Nancy en 1929 et donne lui aussi sa démission d’architecte des Hospices, poste qui sera repris par Albert Thomas. En 1930 il est nommé Professeur et Chef d’Atelier à l’Ecole Spéciale d’Architecture de Paris et sera, en 1953, membre de l’Académie d’Architecture.

Une bonne partie des projets et des chantiers que doit gérer Pierre Le Bourgeois au départ de Biet, concerne l’Hôpital Civil auquel ce dernier a consacré beaucoup de temps et d’énergie ; on comprendra à ce sujet qu’il est particulièrement difficile de peser à leur juste poids les contributions de chacun des architectes concernés d’autant plus que certains de ces chantiers vont être terminés par Alfred Thomas.

La paix revenue il s’agit, à l’Hôpital Civil, de répondre à la demande de plus en plus pressante de bâtiments destinés à accueillir les services d’Urologie et d’ORL, de Neurologie, de Chirurgie Infantile, de Radiologie… Une autre priorité est de donner une définitive régularité à la cour d’honneur en complétant la façade sur la rue de Strasbourg et, à cette occasion, d’agrandir considérablement la capacité d’accueil de la Pension Bon-Secours. En ce qui concerne le bâtiment qui doit abriter les nouveaux services, les plans en ont été établis par Biet en 1913 et ses devis ont été approuvés par la Commission en 1922. Les travaux sont entrepris par Le Bourgeois en 1924 et terminés en 1930. La solution choisie est celle d’un pavillon parallèle aux deux longs bâtiments de Morey et répondant de ce fait aux prescriptions du Rapport Tourdes : se crée ainsi une nouvelle cour entre le Pavillon Roger-de-Videlange et le nouvel édifice qui prendra, en 1934, le nom de Pavillon Krug ; sa construction sur l’emplacement des très vétustes bâtiments du service des Contagieux conduit, en 1927, au transfert de celui-ci à l’Hôpital Maringer que vient de quitter l’Ecole Maréchal Foch de Rééducation Professionnelle des Invalides de la guerre, installée là de 1915 à 1925. En ce qui concerne l’autre programme prioritaire, il s’agit de compléter la façade de l’Hôpital sur la rue de Strasbourg suivant le plan arrêté par Morey quasiment un demi-siècle auparavant, plan qui prévoyait deux parties jumelles de part et d’autre d’un dôme central. Or, si la partie à l’ouest de l’entrée où sont logés l’administration et des malades payants de la Pension Bon-Secours a été totalement construite, la partie Est ne comporte qu’une courte amorce qui abrite conciergerie, logements de fonction et, de 1901 à 1910, une petite clinique dentaire. Décidés en 1913, les travaux, entrepris après la guerre, sont terminés en 1924. La Cour d’Honneur y trouve sa symétrie par la jonction entre l’extrémité du pavillon Bruillard-Balbâtre agrandi et celle de la nouvelle aile Est : le rez-de-chaussée de celle-ci abrite, outre la Conciergerie, l’important Service des Consultations Externes. Quant aux trois étages, ils accueillent l’extension de la Pension-Bon-Secours qui se trouve être ainsi bénéficiaire majeure de l’opération. Le pavillon du Dôme Central comprend deux étages de chambres de malades, le reste étant réservé aux Sœurs de Saint-Charles et aux infirmières laïques.

Longue et régulière, la façade monumentale sur la rue, centrée sur le puissant corps principal à dôme carré qui domine l’entrée, s’équilibre désormais par la présence de légers avant-corps, jumeaux et symétriques, ordonnés par leurs chaînages d’angle, leurs pilastres, leur couronnement au fronton curviligne interrompu par de hautes et élégantes fenêtres se découpant sur le toit en pavillon.

Pour être complet concernant la contribution de Pierre Le Bourgeois aux constructions hospitalières nancéiennes, il faut sans doute mettre à son crédit l’aménagement entre 1924 et 1926 de l’immeuble n° 47 rue de Strasbourg (Fondation Joseph Boulanger). On lui doit aussi l’édification, sur une partie des jardins de l’Hôpital Saint-Julien, en bordure du Boulevard Lobau et de la rue Foller, d’un pavillon de 40 chambres qui prendra le nom de Fondation Thomas Becquet. Après le départ de Pierre Le Bourgeois, c’est de nouveau un Nancéien, Alfred Thomas, qui va mener les travaux à l’Hôpital qualifié de Central à partir de 1931.

 

Alfred Thomas (1878-19050), né à Nancy, suit les cours de l’Ecole Supérieure puis, entre 1894 et 1897, ceux de l’Ecole Régionale des Beaux-Arts de Nancy où il est l’élève de l’excellent architecte Lucien Bentz. Boursier de la Ville, il est admis à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris dans l’atelier Laloux. Ayant obtenu son diplôme en 1906, il fait ses premières armes chez un confrère de Nevers. En 1911, il est nommé, succédant à Jasson, architecte de la Ville de Nancy, poste qu’il occupe jusqu’en 1920, date à laquelle lui succède Frédérick Wielhorski qui construira avec lui, en 1937-38 la Bibliothèque de la Faculté de Lettres et de Droit, Place Carnot. En prenant la succession de Le Bourgeois, Thomas hérite des projets en cours. A l’Hôpital Central il procède à l’agrandissement de  la Chapelle et du dépôt mortuaire et à la construction d’une nouvelle cuisine et de la Pharmacie Centrale ; mais sa contribution la plus importante est l’Ecole Régionale d’Infirmières qu’il bâtit sur une parcelle donnée par la Ville aux Hospices Civils ; après avoir été logée au pavillon Louise Elisabeth construit par Georges Biet puis au 47 rue de Strasbourg, l’Ecole trouve enfin là une réponse à tous ses vœux : située le long de la rue Lionnois à proximité de la Faculté de Médecine, cette construction, particulièrement soignée qui peut héberger, sur ses trois étages, salles de cours, salle des fêtes, bibliothèque et quelque 60 internes, est en état de fonctionner en 1937.

 

Il nous faut maintenant, quitte à revenir légèrement en arrière, aborder les réalisations, durant la période qui précède la seconde guerre mondiale, des architectes départementaux, Charles-Désiré Bourgon et Paul Charbonnier dans les établissements hospitaliers dépendant cette fois du Conseil Général de Meurthe et Moselle.

 

                                

Charles-Désiré Bourgon              Jean Bourgon                     Paul Charbonnier

 

Charles-Désiré Bourgon (1855-1915), né à Nancy, est le fils d’un entrepreneur de menuiserie. Dès 1880, à la fin de ses études à l’Atelier Guadet de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, il s’installe dans sa ville natale. Professeur d’architecture à l’Ecole Régionale des Beaux-Arts en 1882, il se fait connaître très tôt par des réalisations importantes tant à Nancy (Hôtel Raphaël Lang, aujourd’hui S.N.V.B. 4 place Maginot, Hôtel Tourtel, 20 rue Isabey, Maison Loppinet, 45 avenue Foch, Immeuble Lang, 12 rue de Metz…) que dans la Meuse (Château Poincaré à Sampigny), dans les Vosges (Casino et Grand Hôtel du Lac à Gérardmer, Hôtel Fuzelier à Saint-Dié), à Tantonville (Grande Brasserie, Château, Hôtel de Ville). Il construit également de nombreux groupes scolaires et écoles communales à Laxou, Nomeny, Champigneulles, Tantonville, Pompey, Avricourt, Mont-Saint-Martin… Il organise, en 1892, la décoration des rues et des places de Nancy, pour la visite du Président Carnot, et sera l’architecte du monument à la mémoire du Président assassiné (son ami Victor Prouvé en réalise les superbes sculptures malheureusement détruites). Architecte des villes de Pont-à-Mousson, Briey et Baccarat, il succède en 1900 à Charles André au poste d’architecte départemental et il figure, l’année suivante, dans le Comité Directeur de l’Ecole de Nancy. Dès son entrée en fonctions d’architecte départemental, il prend en charge les locaux existant sur la grande propriété de Maxéville qui a été léguée au Département par Jean-Baptiste Thiéry ; cinquante enfants scrofuleux et teigneux hébergés jusque là à la Maison Départementale de Secours y ont été admis dans de meilleures conditions de salubrité et de confort. A partir de 1900, Bourgon agrandit à plusieurs reprises les bâtiments qui donnent sur la rue et, en 1908, il construit, perpendiculairement à ceux-ci, deux grands pavillons jumeaux de part et d’autre de la cour, augmentant ainsi considérablement la capacité d’accueil.

Mais son grand projet que la guerre va malheureusement interrompre est l’édification de la Maternité Départementale dans la seconde partie, laissée libre, des immenses jardins de l’ancien Grand Séminaire dont la première partie a été affectée à l’Université. Pour ce faire, il faudra créer une jonction avec la rue de Strasbourg ; la Faculté de Médecine cèdera volontiers du terrain et l’on prévoit, dès 1912, de donner à la voie nouvelle le nom de rue du Docteur Heydenreich. Quant au projet de Bourgon il est mené en constante concertation avec le professeur Alphonse Herrgott. En date du 30 Novembre 1913, l’Immeuble et la Construction dans l’Est annonce que les adjudications seront faites le 20 décembre suivant et précise que les dessins et les plans détaillés « de ce grand établissement, doté de tout le confort moderne, ont été prévus de toutes pièces par M. D. Bourgon, architecte départemental qui a réussi à donner à l’ensemble un grand caractère architectural, tout en soignant minutieusement chaque service et chaque détail : cette Maternité sera tout autre chose que ce que nous possédons à Nancy dans l’ancienne Maison de Refuge de la rue des Quatre Eglises… ». Comme l’annonce l’hebdomadaire, les travaux commencent aussitôt après les adjudications et les fondations sont déjà bien avancées quand le 22 mai 1914, sous la conduite de Bourgon, Albert Lebrun, alors Ministre des Colonies, visite le chantier. La mobilisation générale freine évidemment la progression de celui-ci sur lequel un avion allemand lâche une bombe en 1915. Charles-Désiré Bourgon ne verra pas son œuvre terminée. C’est Paul Charbonnier, son successeur au poste d’architecte départemental qui va y pourvoir.

 

Paul Charbonnier (1865-1953), Nancéien comme Bourgon, a d’autres points communs avec son aîné de dix ans : ils ont tous deux fréquenté, à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, l’Atelier Guadet et tous deux font partie en 1901 du Comité Directeur de l’Ecole de Nancy. Diplômé en 1895, Paul Charbonnier s’est installé à Nancy en 1900. Architecte ordinaire des Monuments Historiques de Meurthe et Moselle dès cette date, il est également choisi, en 1909, comme Inspecteur des édifices diocésains. Parmi les bâtiments qu’il construit à Nancy, nous retiendrons parmi beaucoup d’autres, la Maison du Peuple (1901-1902), la maison du docteur Paul Jacques, 41 avenue Foch (1905-1907), les Ateliers Majorelle (1907-1914), la Banque Renauld, rue Chanzy, en association avec Emile André (1908-1910), les Magasins Majorelle, 20 rue Saint Georges (1924) et la Caisse d’Epargne de la Place Dombasle en association avec Jean Bourgon. Reprenant, en 1921, le grand chantier de la Maternité, Charbonnier se montre fidèle au projet de son prédécesseur. Les travaux menés en concertation avec le professeur Albert Fruhinsholz, successeur du professeur Herrgott, sont terminés en 1928. Fidèle, lui aussi, à la grande tradition monumentale de l’Ecole des Beaux-Arts, le parti choisi par Bourgon et adopté par Charbonnier est celui de deux très longs bâtiments parallèles. De part et d’autre du pavillon d’entrée situé dans l’axe de la rue Heydenreich, le bâtiment de façade s’organise en quatre parties égales desservies par un long couloir intérieur et déterminées par quatre corps de bâtiments perpendiculaires et traversant. Des cours spacieuses et aérées le séparent de l’autre grand bâtiment parallèle organisé également de part et d’autre d’un corps central dont le toit en pavillon s’aligne avec bonheur sur celui du pavillon d’entrée. Se répondent également les lignes des toitures et leurs rangées de fenêtres et de lucarnes.

C’est le Président du Conseil lui-même, André Tardieu, qui vient inaugurer le nouvel établissement. Les commentaires des médecins comme ceux des utilisateurs et des journalistes sont unanimement louangeurs. Le professeur Adophe Pinard, dont cette Maternité qui va désormais porter son nom « a mis en action la doctrine », se dit, après sa visite « comme ébloui par la réalisation si parfaite des rêves de toute une vie ». Et le professeur Albert Fruhinsholz qui apprécie « ce groupement des services hospitaliers homogène très favorable à l’enseignement des étudiants et des sages-femmes »  peut déclarer qu’il « n’existe pas actuellement sur notre sol de monument plus beau ni plus complet élevé à la mère française… ».

Paul Charbonnier, dont l’activité professionnelle ne semble nullement faiblir avec le poids des ans, intervient également dans plusieurs autres établissements hospitaliers : entre 1924 et 1937 il intègre intelligemment le Préventorium au beau Prieuré bénédictin de Flavigny-sur-Moselle, aménage l’Institut Régional d’Education Physique et d’Hydrologie au 96 avenue de Strasbourg à Nancy, construit les bâtiments de l’administration et le Pavillon Archambault pour contagieux et tuberculeux au Centre Psychothérapique de Maréville. Il élève également à l’Hôpital Jean-Baptiste Thiéry de Maxéville la Clinique Médicale Infantile : construits au sommet de la pente, dominant les pavillons érigés par Charles-Désiré Bourgon, ses trois grands bâtiments en U surmontés de terrasses, d’une capacité de 200 lits, sont reliés aux services de façade par une galerie aérienne. En 1936-37, Paul Charbonnier élève également la chapelle au cœur de l’établissement. Il a alors 72 ans.

 

Georges Vallin (1894-1984), est son successeur (de 1937 à 1947) au poste d’architecte départemental. Fils cadet du Vice-Président de l’Ecole de Nancy, il aura peu d’occasions d’exercer son réel talent d’architecte dans les édifices hospitaliers : son activité, durant la guerre et l’occupation, consistera surtout à veiller le mieux possible à leur entretien. Ce sera également le rôle, malheureusement éphémère, de son successeur Roger Mienville qui meurt en 1951, à 42 ans.

 

Avant d’aborder les constructions hospitalières réalisées durant la seconde moitié du XXe siècle, nous nous devons d’évoquer la production nancéienne de très grande qualité de Jean Bourgon (dont nous avons signalé plus haut l’association avec Pierre Le Bourgeois dans l’édification du Pavillon de Nancy et de l’Est de la France à l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs de 1925 et avec Paul Charbonnier dans celle de la Caisse d’Epargne de la Place Dombasle).

Jean Bourgon (1895-1959), né à Nancy, est le fils de Charles-Désiré (présenté plus haut). Architecte D.P.L.G. dès 1921, il sera rapidement nommé Architecte des Bâtiments Civils et Palais Nationaux et confirmera sa réputation en réalisant le Pavillon des Informations à l’Exposition Coloniale en 1931. S’il mène à Nancy des chantiers importants comme le Siège des Hauts Fourneaux et Fonderies de Pont à Mousson, Place Camille Cavallier (en 1926-1929), c’est surtout comme Architecte de l’Université qu’il marque le paysage urbain : Cité Universitaire de Monbois ; Bibliothèque de la Faculté de Médecine rue Lionnois ; aménagement du 10 rue de Bitche en Office d’Hygiène Sociale et Centre Universitaire de Médecine Préventive ; Institut Dentaire, rue du docteur Heydenreich ; Faculté de Pharmacie, rue Albert Lebrun, dont la construction interrompue par la guerre ne sera terminée qu’en 1950. La paix revenue, son activité ne faiblit pas : parmi les chantiers de toute nature qu’il doit gérer citons seulement l’église Saint Laurent à Azerailles, le Lycée Chopin (en association avec Jacques Duvaux), les Laboratoires de Recherches Géologiques de Vandœuvre. Quant au Centre de Réadaptation fonctionnelle 35 rue Lionnois, on ne sait si on doit le mettre en partie à son crédit ou totalement à celui de Roger Lamoise.

 

Roger Lamoise (1926-1995), né à Nancy est le fils de Marius Lamoise, chef d’agence chez Jean Bourgon. Il travaille lui aussi dans l’agence Bourgon (qu’il reprendra d’ailleurs en 1959) quand, en 1952, jeune architecte, il est désigné comme lauréat du concours ouvert pour la construction d’un Centre de Réadaptation fonctionnelle sur un terrain situé à l’angle de la rue de Bitche et de la rue Lionnois. Or, il se trouve dans l’obligation d’effectuer son service militaire : c’est donc Jean Bourgon qui va prendre en charge le chantier durant cette période. Considéré généralement comme original et innovant, le bâtiment du 35 rue Lionnois – ossature de béton, larges baies vitrées, plafonds et cloisons intérieures en acier – comporte six niveaux et sa capacité est de 80 lits ; il intéresse alors vivement la profession et fait l’objet de commentaires positifs dans la presse spécialisée qui apprécie également son aménagement fonctionnel et la qualité du mobilier dû à Jean Prouvé. Terminé en 1957, le bâtiment qui recevra, au cours des années, diverses adjonctions notamment l’impressionnant réseau des rampes d’évacuation sur sa partie arrière cessera son activité à l’aube du nouveau siècle. Dans l’agglomération nancéienne, Roger Lamoise construira également le premier bâtiment de la Clinique de Traumatologie de la rue Hermite et le Centre de Médecine Préventive créé en 1969 par le doyen Jacques Parisot à Vandœuvre.

 

A la fin des années 1950, un certain nombre d’autres travaux sont menés sur divers sites hospitaliers en particulier au sanatorium de Lay-Saint-Christophe, à la Maternité Départementale et rue Lionnois.

 

Paul Eschmann, né en 1902, s’est fait connaître dès 1931, en remportant, à 29 ans, devant de brillants concurrents, le concours pour la construction de l’ensemble scolaire de Buthégnémont, et, de 1945 à sa démission en 1953, porte le titre d’Architecte du CHR (avant de devenir Architecte en Chef de la Reconstruction en Meurthe et Moselle). Au sanatorium de Lay-Saint-Christophe, il effectue, en 1950, d’importants travaux sur le bâtiment Genay-Weissemburger. L’année suivante, c’est à André Lurçat et à son associé Albert Michaut qu’est confiée la construction d’un ensemble important comprenant un sanatorium pour enfants de 100 lits, des bureaux et des logements.

 

              

André Lurçat                                        Albert Michaut

 

André Lurçat (1894-1970), né à Bruyères (comme son frère Jean, son aîné de deux ans) mène d’abord ses études d’architecture à l’Ecole Régionale des Beaux-Arts de Nancy avant de les poursuivre à la Grande Ecole parisienne où il a pour condisciple le Nancéien Albert Michaut (1894-1981). Dans les années 1920 les frères Lurçat seront avec Georges Sadoul les principaux acteurs de la création du célèbre Comité Nancy-Paris. En mars 1926, André qui vient de construire les maisons d’artistes de la Cité Seurat (Paris XIVe) parvient à réunir aux Galeries Poirel quasiment toute l’avant-garde architecturale européenne. Comme Le Corbusier il est un des membres fondateurs des C.I.A.M. (Congrès Internationaux d’Architecture Moderne) et se fait grande réputation parmi ses pairs en bâtissant le Groupe Scolaire Karl Marx à Villejuif (1930-1932). Il construit quatre maisons à Vienne dans la Cité Modèle du Werkbund et travaille, de 1934 à 1937, en URSS réalisant un hôpital pour enfants à Moscou. Fondateur du Front National des Architectes Résistants il est, après la seconde guerre mondiale, Urbaniste et Architecte en Chef de Saint-Denis et responsable de la reconstruction de Maubeuge.

Avec son associé Albert Michaut (1894-1901), il réalise, en Lorraine, dans les années 1950-60 notamment, les premiers bureaux de la Caisse Régionale d’Assurance Maladie rue de Metz à Nancy et un important ensemble de logements collectifs dit Le Haut Rivage, rue Jean XXIII à Saint-Max. Quant au très ambitieux programme de Lay-Saint-Christophe il se réduit considérablement de telle sorte que les deux associés n’ont plus à construire que la porterie-conciergerie, une petite salle des fêtes, la maison du directeur et, surtout, le long bâtiment dit des célibataires.

 

Paul La Mache (1918-1999) est le successeur de Roger Mienville au poste d’architecte départemental de Meurthe et Moselle. Né à Saint-Génis-Laval, brillant élève de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, second Grand Prix de Rome, il ne passe qu’une assez brève période à Nancy où il est Professeur-Chef d’atelier d’architecture à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts Après avoir occupé d’autres postes en province, il accèdera en 1968 au titre d’Architecte en Chef des Bâtiments Civils et Palais Nationaux. Parallèlement il sera de 1968 à 1983 professeur à l’Unité Pédagogique d’Architecture de Paris-Nanterre. Durant sa période lorraine il construit, notamment, la Cité Universitaire du Nouveau Monbois. A la Maternité c’est en tant qu’Architecte départemental qu’il réalise avec Pierre Tauvel, son assistant à l’Ecole des Beaux-Arts, un pavillon – bois, métal et vitrages – regroupant consultations gynécologiques, salles d’exercices respiratoires, services de protection maternelle et infantile, salle de conférences autour d’un jardin intérieur, pavillon aujourd’hui disparu, ainsi qu’une pouponnière à laquelle seront substitués les pavillons actuels de consultations gynéco-obstétriques.

 

                   

Dominique Louis                               Jean Prouvé 

 

C’est entre 1958 et 1963 que la rue Lionnois reçoit un nouveau bâtiment abritant le Centre Régional de Transfusion Sanguine fondé par le professeur Paul Michon.

Dominique Louis (1924-1991), son architecte, né à Epinal, dont l’activité professionnelle s’étend sur une quinzaine d’années, a laissé à ses confrères et amis le souvenir d’un personnage original et attachant. Après ses études à Paris dans l’Atelier Expert, il fait plusieurs lointains voyages, travaille quelques mois au bureau d’études de Jean Prouvé puis chez Henri Prouvé et Gaston Schmitt. Architecte d’une série de belles villas individuelles, il construit l’église Notre Dame des Pauvres et le Centre paroissial du Haut du Lièvre, le Collège Saint Léon, une Chapelle à Marbache et, avec Jacques et Michel André, le Lycée Saint-Joseph à Laxou. Après quasiment un demi-siècle, le Centre de Transfusion Sanguine du 9-11 rue Lionnois, où Dominique Louis a su créer un vaste et lumineux espace central et un jeu particulièrement subtil de matériaux, bois, verre, aluminium, reste une œuvre de qualité, décorée d’une fort belle tapisserie.

 

Quant à l’Hôpital Central il connaît, durant les deux décennies qui suivent la seconde guerre mondiale, d’énormes difficultés de tous ordres. L’encombrement des sites comme le vieillissement et l’inadaptation d’une partie des bâtiments existants sévissent également à l’ensemble M-V-F et à Saint-Julien ; aussi, les services techniques des Hôpitaux doivent-ils faire appel à des solutions de fortune : c’est ainsi qu’à la fin des années 50 sont mis en place à l’Hôpital Central trois grands pavillons préfabriqués conçus par Jean Prouvé (1901-1984), pavillons qui peuvent à eux trois accueillir quelque 160 lits : la qualité de leur conception est telle qu’ils ont pu remplir leur office bien au-delà des limites prévues.

 

En février 1960, la décision de construire un nouvel Hôpital sur le plateau de Brabois tout en maintenant l’activité des sites hospitaliers urbains puis, en octobre de la même année, la nomination d’un architecte chargé de définir un plan directeur et de mener les futurs travaux donnent l’espoir de voir l’horizon s’éclaircir.

 

                                   

Noël Le Maresquier                                           Robertl  Lebret 

Noël Le Maresquier (1903-1982), l’architecte qu’a désigné la Commission Administrative des Hospices, est, alors âgé de 57 ans ; il est depuis 1945, membre de l’Académie des Beaux-Arts et, depuis 1954, Architecte en Chef des Bâtiments Civils et des Palais Nationaux. Fils de Charles Le Maresquier (1870-1972) qui fut le patron d’un des Ateliers les plus réputés de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, il a obtenu le Premier second Grand Prix de Rome en 1930 et a succédé à son père comme patron de l’Atelier du Quai Malaquais qui s’est replié, pendant l’occupation, à l’Ecole Régionale d’Architecture de Toulouse. Nommé Architecte en Chef de la reconstruction de Saint-Nazaire dont il reste l’architecte conseil jusqu’en 1978, il y construit notamment la gare. Avant sa venue à Nancy, il a réalisé en France et à l’étranger des programmes très variés : bâtiments universitaires, immeubles résidentiels, grands ensembles HLM (Garges-les-Gonesse et La Cité Concorde à Lille), immeubles de bureaux (à Paris, par exemple, le bâtiment du Journal Officiel et le siège social des Assurances de France). De 1960 à 1967, en association avec Paul Desnoyers, il bâtit également un Hôpital à Toulouse. En ce qui concerne l’Hôpital de Brabois qui va se construire sur un terrain de quelque 41 ha dont la plus grande partie est cédée gratuitement par la Ville de Nancy, il va falloir attendre 1967 pour qu’aient lieu les adjudications et fin 1973 pour que les premiers malades y soient accueillis.

En cours de route, l’acquisition de l’Hôpital Jeanne d’Arc de Dommartin-lès-Toul va heureusement permettre de soulager quelque peu les Hôpitaux Urbains ; cet hôpital américain de campagne d’une capacité de 900 à 1000 lits est rapidement aménagé et peut être opérationnel en avril 1970. Les travaux y sont conduits par l’architecte parisien Robert Lebret (1905-1992), qui sera également associé à Noël Le Maresquier pour la construction de l’Hôpital de Brabois.

Dans ces années du dernier tiers du siècle, les architectes qui bâtissent ainsi des hôpitaux dans diverses villes françaises sont confrontés à un double problème : celui de la définition du rôle d’un hôpital moderne et celui  de l’industrialisation de la construction. Une des réalisations d’après guerre que beaucoup d’architectes européens considèrent comme un modèle est l’Hôpital Mémorial France Etat-Unis construit à Saint-Lô par l’architecte américain Paul Nelson  (Chicago 1895-1979) qui fit ses études à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris dans l’Atelier Perret et qui organisa, en 1945, au Grand Palais à Paris, une exposition sur les techniques américaines de construction. Dans ses recherches théoriques comme dans ses réalisations à Saint-Lô (420 lits) puis à Dinan (350 lits) il s’emploie à définir et à créer cet hôpital moderne, centre de vie, en liaison avec les lieux d’enseignement de la médecine, développé en hauteur autour des ascenseurs, organisant rationnellement l’espace pour rendre plus rapides et plus fluides les relations soignants-malades, offrant à ces derniers le meilleur confort hôtelier et psychologique, des espaces lumineux, les appareillages les plus performants, et capable de s’adapter rapidement à l’évolution des technologies médicales… toutes propositions qui, à Nancy comme ailleurs, sont analysées et intégrées par ses pairs avec diverses variantes.

Les deux bâtiments majeurs construits à Brabois, le bloc principal de 16 niveaux d’une capacité de 1066 lits et la Tour Paul Louis Drouet de 10 niveaux pour 226 lits représentant, à eux seuls, plus de 100000 m² de surfaces construites, on ne s’étonnera pas qu’on y retrouve les mêmes procédés de construction qu’au Haut-du-Lièvre construit de 1957 à 1962 : rationalisation et coordination de l’énorme chantier confiée par le groupement d’entreprises chargées du gros œuvre (Société Nationale de Construction, A. Pertuy, France-Lanord et Bichaton) à une société spécialisée dans l’ordonnancement et le pilotage des travaux ; moyens de levage extrêmement puissants ; préfabrication lourde d’éléments modulaires (éléments verticaux porteurs, planchers de grande surface, revêtement extérieur, fenêtres…). A cet effet on a dû construire, en 1968, à proximité du chantier, une usine de préfabrication des planchers et un immense atelier couvert.

 

Les bâtiments de la Faculté de médecine que Noël Le Maresquier édifie sur le plateau de Brabois, faisant face à l’Hôpital, sont occupés à partir de 1975 mais l’hôpital pour enfants ne peut être mis en chantier qu’en 1978 et c’est seulement en 1982 qu’il peut accueillir les services de Médecine Infantile de l’Hôpital Central.

 

Dans les travaux menés à la Faculté de Médecine comme dans divers établissements hospitaliers, nous n’omettrons pas de souligner le rôle que tient, sous la coordination de Noël Le Maresquier, l’architecte nancéien Jean-Marie Collin.

Fils du professeur Remy Collin, né en 1929, il est l’élève, à l’Ecole Nationale des Beaux-Arts de Nancy (où il enseignera lui-même de 1969 à 1974) de Roger Mienville et de Paul La Mache. Il obtient brillamment son diplôme en 1956 et s’installe à Nancy en 1960. Dans son activité libérale il construit (quelquefois en association avec des confrères) des établissements scolaires, la Piscine Olympique de Gentilly, des ensembles d’immeubles HLM à Dombasle, Varangéville, Champigneulles, Damelevières et conduit l’énorme chantier du Champ le Bœuf. Rue Lionnois, pour la Faculté de Médecine dont il est architecte d’opération, il construit ou aménage de nombreux laboratoires, des amphithéâtres et salles de cours, des bureaux, l’Institut d’Hygiène Sociale ; il procède également à l’extension de la Faculté de Pharmacie. Avec Noël Le Maresquier et les architectes parisiens Gérigne et Chauvin, il participe à la construction de la Faculté de Médecine de Brabois.

Architecte agréé par le Ministère des Affaires Sociales il mène de nombreux travaux à Saint-Julien (aménagement des services de Chirurgie A et de Médecine C) et à l’Hôpital Central au pavillon Virginie-Mauvais et au pavillon Krug ; il y construit également le bâtiment provisoire destiné à abriter le Service de Réanimation du professeur Larcan tout récemment créé en 1969. Il s’associe à Jean-Paul Marchand et il est nommé, en 1980, succédant à Roger Kruger, Architecte Départemental de Meurthe et Moselle : à ce titre il intervient pour des travaux plus ou moins lourds à la Maison Hospitalière Saint-Charles à Nancy, à l’Hospice-Hôpital de Cirey-sur-Vezouze, aux Hôpitaux de Pompey et de Blâmont, à l’Institut des Jeunes Aveugles à Santifontaine et, en 1985 il procède au transfert vers le Foyer Départemental de l’Enfance à Laxou de la pouponnière de la Maternité Régionale où son prédécesseur Roger Kruger (1923- 1990) vient de construire deux nouveaux bâtiments : il s’agit, en 1973, du petit pavillon des consultations néonatales puis, en 1977-1979, la Maternité désirant confirmer sa politique de prévention des grossesses à risque en créant un véritable secteur d’hospitalisation anténatale, d’une adjonction plus importante : construit dans le prolongement du Bâtiment Vermelin de Désiré Bourgon et de Paul Charbonnier, cet édifice de 50 lits où Roger Kruger ose la rupture de taille, de matériau et de couleur, a été inauguré en 1979, année du cinquantenaire de l’ouverture officielle de la Maternité, et a reçu le nom de Pavillon Richon.

 

Au cours des décennies 1980-1990 un autre architecte nancéien, Jésus Ramos-Ibanez intervient régulièrement à la Maternité Départementale pour des réalisations qui méritent d’être signalées : aménagement de l’Ecole des Sages Femmes Albert Fruhinsholz avec création d’une salle de conférences de 200 places ; extension, sur quelque 800 m² du service des consultations d’obstétrique et de gynécologie sur l’emplacement de la pouponnière ; aménagement et extension du C.E.C.O.S. par la création d’un bâtiment d’accueil ; restructuration du Laboratoire de Biologie Sexuelle et, surtout, travaux très importants dans le secteur de néonatologie avec, notamment, la création d’une unité de réanimation de 22 lits répartis en trois salles remarquablement équipées.

 

Chaque site hospitalier urbain ou suburbain ayant pu définir clairement son rôle et son programme, ce sont des réalisations fort importantes qui ont vu récemment le jour à l’Hôpital Central, à la Maternité et à Brabois. C’est également le cas pour une série d’édifices consacrés à la médecine physique et à la réadaptation.

 

« La première illustration du renouveau de l’Hôpital Central – écrivent Chantal et Christian Vuillemin dans leur ouvrage édité en 1983 – est la décision prise par le Conseil d’Administration le 8 juillet 1983 d’approuver le programme du projet de restructuration du service de Réanimation qui consiste à utiliser l’emplacement rendu disponible par la démolition du bâtiment Virginie-Mauvais, pour édifier un bâtiment de trois niveaux destiné à regrouper le service de réanimation médicale, (ainsi que la réanimation chirurgicale). Cette opération… sera, en cas de réalisation, la première construction de cette importance qui se fera à l’Hôpital Central depuis celles qui ont eu lieu dans les années 1930. » 

La réalisation ne tarde guère. Un concours ayant été organisé, son lauréat, l’architecte nancéien Jacques Haenel, conçoit et construit, avec sa fille Béatrice, architecte D.P.L.G. elle aussi, entre 1987 et 1989, un bâtiment (5400 m² de planchers) auquel on donnera le nom de Pavillon Chalnot.

 

Jacques Haenel, né à Nancy en 1931, a fait ses études à Paris à l’Institut d’Urbanisme de l’Université et à l’Ecole des Beaux-Arts et il a obtenu son diplôme en 1958. Son expérience professionnelle s’est manifestée par des réalisations d’habitat collectif, de maisons individuelles, d’hôtels, de bureaux, de constructions scolaires et sportives et par des réalisations industrielles qui comptent : siège du journal et unité de production de l’Est Républicain à Houdemont, Usines meusiennes de la Société des Lunetiers devenue Essilor International, installation des Laboratoires Fandre à Ludres, succursales et concessions de la Régie Nationale des Usines Renault en Lorraine, Usine Thompson de Maxéville en association avec Roland Castro. En ce qui concerne son expérience dans les établissements relevant de la santé, elle s’est manifestée dans l’ensemble des Maisons de Retraite de la Congrégation des Sœurs de Saint-Charles à Nancy, Vandœuvre, Ludres, Bayon, Remiremont… et il a procédé, avec son confrère nancéien Jean Marconnet, à l’extension de la Clinique  Ambroise Paré. Etabli, comme l’était le pavillon Virginie-Mauvais, dans l’axe de la chapelle, le Pavillon de Réanimation Médicale et Chirurgicale s’ouvre sur la Cour Giraud et se développe hardiment côté rue Albert Lebrun, les architectes ayant choisi de valoriser le rythme régulier des frontons triangulaires, le jeu précis et discret des couleurs, des valeurs et des ombres, la rigueur graphique des fenêtres et les savantes variations de leur découpe et de leur encadrement.

 

Confirmant la volonté de redonner à l’Hôpital Central un rôle majeur, décision est prise de construire, à proximité de ce pavillon Chalnot, un nouveau bâtiment de Neurologie. Le jury du concours organisé en 1992 décide de classer premier le projet de Jean-Luc André architecte mandataire associé à Albert Longo.

 

Jean-Luc André, né en 1939, Architecte D.P.L.G. depuis 1965, est issu d’une brillante dynastie d’architectes nancéiens remontant au XVIIIe siècle avec Nicolas, se continuant avec François puis avec Charles, architecte départemental qui, comme son fils Emile, est un membre éminent de l’Ecole de Nancy. Les deux fils d’Emile, Jacques, architecte, et Michel, ingénieur centralien, connaissent une flatteuse réputation nationale avec, notamment, la réalisation du Musée de Zoologie rue Sainte Catherine. Fils de Michel, Jean-Luc travaille sur de très importantes réalisations avec son père, son oncle et son cousin par alliance, Claude Prouvé, qui a rejoint l’Agence de la Place Stanislas. Avec ce dernier il réalise, par exemple, la réhabilitation en logements du château d’eau Saint-Charles, le siège de la S.N.V.B. au Champ-le-Bœuf, le Centre consulaire de formation à Laxou et participe, en association avec Emmanuelle et Laurent Beaudoin et Sylvain Giacomazzi, à la construction du Pôle lorrain de gestion et à l’extension du Musée des Beaux-Arts de Nancy.

 

Albert Longo, né en 1938 à Talange, Architecte conseil du Ministère de l’Urbanisme, est, depuis 1971, directeur de l’Ecole des Beaux-Arts de Metz, ville où il a beaucoup construit notamment le Centre d’études des systèmes de communication et l’Ecole des Arts et Métiers (avec Michel Rémon) : il est également, avec Jean-Luc Gibert et Gérard Hypolite, associé à Ricardo Bofill pour la réalisation du Nouvel Arsenal.

 

Si l’implantation du bâtiment conçu par Jean Luc André assisté de son fils Eric et par Albert Longo doit, selon leurs propres termes « renforcer la composition initiale du plan-masse », il n’est pas traité – ajoutent-ils – « comme un rajout ou un pastiche mais comme une construction résolument moderne pour affirmer la vocation très technologique de la neurologie… ».

C’est pourquoi les façades claires « sont rythmées par un panneautage de 120 cm sur 120 cm, confirmant par sa blancheur la vocation d’une architecture hospitalière de pointe et constituant un nouveau repère important de la silhouette urbaine ». Quant à la toiture constituée d’éléments métalliques courbes « elle est surmontée par l’héliport (l’hélisurface placée à côté du pavillon Chalnot n’étant plus utilisable, l’héliport logiquement devait se situer à l’Hôpital Central mais n’avait pas été inscrit dans le projet initial) traité sous la forme d’un plateau aux bords amincis carrossé d’aluminium blanc ».

D’une surface globale de quelque 20000 m² le bâtiment, réalisé de 1994 à 1998, s’organise autour d’un superbe hall central traité comme une rue intérieure, centre de rencontres qui dessert d’un côté l’espace des consultations et de l’autre l’hôpital de jour, les explorations fonctionnelles, la rééducation, la réanimation ainsi que l’accès aux circulations verticales menant aux quatre étages d’hébergement d’une capacité totale de 210 lits.

Comme le pavillon Chalnot de Jacques Haenel qui s’aligne sur l’axe entre pavillons Collinet et Videlange, le bâtiment de Neurologie s’aligne, parallèlement, sur l’axe pavillons Videlange et Krug. Favorisée par la création de nouveaux accès et de nouveaux cheminements, l’organisation de l’espace délimité désormais par l’Avenue de Lattre de Tassigny et les rues Lionnois, de Bitche, Molitor et Albert Lebrun, retrouve, de ce fait, la cohérence que désirait Prosper Morey.

 

A la Maternité Départementale, c’est de nouveau Jean-Luc André et son fils Eric (en association, cette fois, avec un jeune confrère nancéien, François Noël, D.P.L.G. depuis 1980, réalisateur, notamment, de la M.J.C. Pichon) qui, en 1995 sont désignés comme lauréats d’un concours ouvert en vue de la création d’une extension de quelque 6000 m² côté pavillon Richon, extension rendue possible par la démolition de l’hôtel des sages-femmes et par l’acquisition d’un terrain occupé jusque là par les services de la Poste : il s’agit de regrouper le plus efficacement possible les services et d’optimiser l’accueil et les soins. Le permis de construire étant obtenu en 1996 le chantier se poursuit de 1997 à 2001. Le plateau technique réorganise le service d’accueil-urgences, le bloc obstétrical, les blocs opératoires de gynécologie et d’obstétrique avec leurs structures d’anesthésie et de réveil, le service des soins intensifs. En accord avec l’architecte des Monuments Historiques, la façade du pavillon Richon est rhabillée sur ses trois niveaux pour être en continuité avec celle du nouveau bâtiment : soucieux de créer  « une insertion harmonieuse dans le site », les architectes choisissent « formes, lignes, matières, textures et couleurs avec le souci d’unifier et de réconcilier des architectures d’époques différentes ».

 

Quant à l’espace des Hôpitaux de Brabois, il connaît avec la naissance du XXIe siècle une intense activité : vers la rue du Morvan, les jeunes architectes nancéiens Francis Moulet et Olivier Bourbon (aujourd’hui associés à Jean-Luc et Eric André) ont construit le petit bâtiment de l’U.T.C.T. (Unité de Thérapie Cellulaire et Tissus) et le secteur entre A33 et l’Hôpital d’Enfants, derrière l’Hôpital d’Adultes et la Tour Drouet, est consacré dans sa totalité au futur chantier B.S.M. et à celui de l’Hôpital de Cardiologie édifié par l’Agence Rivolier, Tourret, Valentin (Paris-Lyon) avec comme architecte associé en charge du chantier le Nancéien Daniel Pierron (agence Graille-Pierron). Dans le même temps Daniel Pierron procède à une extension de la Clinique de Traumatologie et d’Orthopédie de la rue Hermite à laquelle, après Roger Lamoise, Henri Prouvé a apporté, au début des années 1980, une très importante adjonction.

Henri Prouvé

 

Henri Prouvé, né en 1919, est le fils de Victor Prouvé qui avait succédé à Gallé à la présidence de l’Ecole de Nancy. Admis très jeune et très brillamment à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, il a vu ses études interrompues par la seconde guerre mondiale. Prisonnier en Allemagne, il travaille à son retour au côté de Jean, son frère aîné, puis crée en 1951 une agence qui attire les jeunes architectes les plus doués : dans son importante production, citons seulement l’église Saint-François d’Assise à Brichambeau, le Building Joffre Saint-Thiébaut, le Laboratoire des Ponts et Chaussées à Tomblaine, le Centre Commercial  des Nations à Vandœuvre, le Clos de Médreville (avec Robert Finkelstein), l’extension du Collège de la Malgrange. En 1975, Henri Prouvé construit, devant le bâtiment d’André Lurçat et d’Albert Michaut le nouvel immeuble de bureaux de la Caisse Régionale d’Assurance Maladie, rue de Metz. Il contribue également à la création et à l’aménagement de centres de réadaptation : à Gondreville où il construit, dès 1957, le gymnase, il fait, 20 ans plus tard, d’importants travaux sur le bâtiment principal. De 1982 à 1985, à Lay-Saint-Christophe, sur un parc de 4 ha en contrebas du Sanatorium Paul Spillmann, il élève les grands et beaux bâtiments (8700 m² de planchers sur trois niveaux) du Centre de Réadaptation pour grands handicapés où le cabinet nancéien d’architectes Haffner, Plun, Valduga construit le gymnase inauguré en 2000.

 

La plus récente des constructions hospitalières nancéiennes est également un établissement consacré à la réadaptation. Voulu par l’Union pour la Gestion des Etablissements des Caisses d’Assurance Maladie du Nord-Est (UGECAM), l’Institut Régional de Médecine Physique et de Réadaptation Louis Pierquin, au 75 boulevard Lobau, établissement associé au Centre Hospitalier et Universitaire de Nancy, s’est en effet ouvert au début de 2007. Proche de l’Hôpital Central et de l’Hôpital Saint-Julien, il a été bâti sur deux parcelles que séparaient pourtant le Canal de la Marne au Rhin, la performance étant de construire de part et d’autre de ce canal en préservant néanmoins une continuité entre les bâtiments ; la difficulté a été résolue par un pont habité, vitré, de 8 m de largeur et de 70 m de longueur enjambant, sans gêne pour la navigation, le canal et la route qui le borde.

Choisie à l’issue d’un concours ouvert en 2001, l’Agence parisienne Jérôme Brunet – Eric Saunier (Marc Chassin, chef de projet), en association avec l’architecte nancéien Alain Conradt (Atelier d’Architecture du Parc) a ainsi construit un bâtiment qui intègre un Institut de formation en ergothérapie, dispose de 115 lits d’hébergement, d’une centaine de places d’hôpital de jour, d’un plateau technique de rééducation doté du matériel le plus performant.

Quatre cents pilotis dégageant sur une hauteur de 6 m un espace occupé par le hall d’accueil, par les locaux administratifs et par de très grands parkings supportent deux niveaux, celui du plateau technique et celui de l’hébergement pour une surface globale de 22000 m². Ainsi dégagé du sol et intégrant la poésie du canal, le bâtiment, malgré sa taille, apparaît limpide et léger, cette impression étant renforcée par l’emploi du verre et d’un bardage en lames d’acier inox recuit, plissées et brillantes, sur 4000 m² de surface.

 

Les architectes par hôpital

HOPITAL CENTRAL

Architecte : Ferdinand GENAY (désignation de Prosper MOREY en 1878)

Pavillon Virginie-Mauvais

Architecte : Albert JASSON

Pavillon Bruillard-Balbâtre (ophtalmologie)

Architecte : Ferdinand GENAY (sur plans primitifs de Prosper MOREY)

Rénovation des groupes opératoires

Architecte : Georges BIET

Pavillon Krug

Architecte : Georges BIET

Ecole d'infirmières : Alfred THOMAS (architecte des Hospices)

Service de Réanimation (bâtiment provisoire)

Architecte : Jean-Marie COLLIN

Pavillon Chalnot (réanimations)

Architecte : Jacques HAENEL

Hôpital neurologique

Architectes : Jean-Luc ANDRE - Albert LONGO

 

HOPITAL VILLEMIN

Architecte : Albert JASSON (architecte de la ville, auquel on associe d'autorité Georges BIET)

 

HOPITAL DE BRABOIS – Adultes et enfants

Architectes : Noël LE MARESQUIER – Paul LEBRET (rénovation : Cabinet BAUMANN)

 

HOPITAL JEANNE D'ARC

 Architecte : Paul LEBRET

 

CENTRE DE TRANSFUSION (rue Lionnois)

Architecte : Dominique LOUIS

 

MATERNITE REGIONALE Adolphe PINARD

Architectes : Charles-Désiré BOURGON – Paul CHARBONNIER

 

SANATORIUM PAUL SPILLMANN

Architectes : Ferdinand GENAY - Lucien WEISSENBURGER

Rénovation : André LURCAT - Albert MICHAUT

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Compléments (B. LEGRAS) - 2014

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Francine Baumann a travaillé avec moi quelques années avant de partir en Nouvelle Calédonie puis à Hawaï où elle est professeur d'épidémiologie et spécialiste internationale dans le domaine de l'amiante. Elle est la fille de l'architecte Claude BAUMANN (né en 1933 à Bruyères), cité ci-dessus qui a eu un rôle important dans la construction du CHU et que je me permets de préciser ici :

Directeur de l'agence d'architecture Le Maresquier à Nancy (1971-1985)

Octobre 1971 : Création de l'agence travaux Le Maresquier à Nancy

Direction des travaux de construction du complexe hospitalo-universitaire de Nancy-Brabois : CHU Brabois (1971-1974) - centre régional de transfusion sanguine (1971-2000) - centre régional de lutte contre le cancer : Centre Alexis Vautrin (1972-1974) - Faculté de Médecine (1974-1977) - Ecole des Cadres et d'Infirmières (1976-1977) - hôpital d'enfants (1977-1982)

Réalisation du centre d'hémodialyse à l'Hôpital Central

Restructuration de tous les services des hôpitaux de ville : Hôpital Central et Hôpital St-Julien (1973-1980) – services d'ophtalmologie, urologie, maxillo-faciale, ORL, odontologie, radiologie, neurologie, neurochirurgie

Création de plusieurs services hospitaliers : neuroradiologie, neurochirurgie infantile à l'Hôpital St-Julien, psychiatrie à l'Hôpital Jeanne d'Arc, urgences à l'Hôpital Central, … (1974-1983)

Etude et mise au point du nouveau plan directeur des hôpitaux de ville 2000-2010 (1985)