DEDUN Robert

 

1909-1997

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` sommaire

 

Le docteur Robert Dedun, médecin généraliste, nous a  quittés le 4 juin dernier à l'âge de 87 ans. Né à Abaucourt  dans la vallée de la Seille, prés de Nomeny, d'une famille paysanne, devenu très tôt orphelin, il garda de son origine terrienne un amour profond de la nature et surtout une remarquable simplicité, tout au long de ses brillantes études et de sa vie professionnelle. Ces dispositions naturelles doublées d'une vive intelligence et d'un amour du travail au bénéficie des autres, expliquent son orientation et sa réussite dans la carrière médicale.       

Il fut reçu premier au concours d'internat des hôpitaux de Nancy en 1932, grâce à des connaissances acquises précocement et qui devinrent l'essentiel de sa formation et de sa pratique médicales. Pendant ses cinq années d'internat au Centre Hospitalier Régional, dans les différents services de médecine et surtout de pédiatrie et de gynécologie obstétrique, il fut très apprécié de ses maîtres. Il  devint, à la salle de garde, par sa présence, par sa participation assidue aux réunions et aux fêtes, le Président  admiré du corps des internes, particulièrement recherché et invité grâce à son talent de boute-en-train et de chanteur. Nous ne l'avons jamais connu indifférent, critique ou opposant dans toutes nos manifestations communes. Il fut un témoin de l'amitié qui nous réunissait, et un exemple qui dure encore, après plus de cinquante années  de satisfactions et de peines familiales et professionnelles.   

Pour une raison indéterminée, peut-être sa timidité et son humilité naturelles, il n'emprunta pas la voie des  concours, que laissait supposer son orientation vers l’obstétrique, domaine dans lequel il excellait. C'est un exemple qu'il convient de respecter et même de suivre par ceux qui sont tentés par bien des illusions.   

Il choisit de devenir médecin praticien à Dombasle, cité des usines Solvay, carrefour de transports divers, sans pour autant abandonner la fréquentation des maternités ; celle de cette ville et celle de Nancy. Il devint un consultant et un opérateur de choix, n'hésitant pas à se rendre sur les péniches et dans les familles les plus éprouvées. 

Médecin généraliste à Dombasle de 1937 à 1975, date de sa retraite forcée, du fait de la maladie, qui devait l'emporter, après une longue et dure période de peine et de lutte.Il fut un médecin généraliste exemplaire jusqu'au bout de sa mission.

Il garda, ce qui est rare et mérite d'être imité, des relations fréquentes avec le Centre Hospitalier de Nancy, s'y rendant pour suivre les malades qu'il y avait envoyés et s'intéresser au devenir de leur affection. Cet intérêt, ce dévouement furent appréciés par les médecins chefs de service, si bien qu'il fut accepté et convié, comme un indispensable collaborateur, par Messieurs les Professeurs de Clinique Médicale Kissel et Duc.

Dans les années 1980, l'enseignement des spécialités au cours du 2° cycle des études médicales fut complété par un certificat dit de « synthèse clinique et thérapeutique ».

Cet enseignement, qui venait clôturer l'enseignement clinique, était organisé dans les services de « médecine interne» en petits groupes d'une trentaine d’étudiants, sous forme de travaux pratiques, souvent à partir d'observations cliniques et aboutissant à l'élaboration de schémas thérapeutiques adaptés à la médecine clinique pratique. Le Docteur Dedun fut convié au service de Médecine D à participer à cet enseignement. Il s'y consacra bénévolement avec enthousiasme et mit à la disposition des enseignants et des étudiants sa riche expérience  pratique, toujours complétée par des mises au point tenant compte des connaissances les plus éprouvées.

Ainsi, avec le Docteur Dedun, un médecin généraliste se trouvait intégré â un enseignement élaboré en équipe (universitaires et praticiens) préparant directement à la pratique médicale.

Cette expérience nancéienne venait illustrer les réflexions de l'époque sur l'enseignement spécifique de la médecine générale.

En 1984, un 3` cycle réservé aux étudiants se préparant à la médecine générale fut instauré et la place des médecins généralistes enseignants fut reconnue dans le cadre universitaire.

Il est permis de dire que le Docteur Dedun fut un devancier de cette innovation capitale et a rendu un éminent service à notre profession.

Tous les médecins, qui l'ont connu, adressent à sa famille leurs plus sincères condoléances et l'assurent de leur souvenir ému et attristé.

 

Professeur L. PIERQUIN et J.P GRILLIAT