FAIVRE Gabriel

 

1915-2009

 

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texte sur la cardiologie

 

Professeur de cardiologie

Chef du service de cardiologie

Chevalier de la légion d'honneur             

Officier du mérite national               

Commandeur des palmes académiques            

 

ELOGE FUNEBRE

Gabriel Faivre nous a quittés ce 22 décembre 2009. Tous ceux qui l'ont connu ont en mémoire l'homme élégant, dynamique, affable et gai. Il aimait plaisanter mais aussi lancer quelques traits avec une ironie malicieuse souvent, mordante parfois, atténuée par cet accent franc-comtois qu'il a toujours gardé. Il est né, en effet, en Haute Saône, à Froideconche, à proximité de Luxeuil-lès-Bains, le 23 janvier 1915. C'est à Angirey où son père était directeur de l'école que se sont déroulées ses années de classes primaires, sous l'œil attentif de ses parents, qui ont su lui inculquer très tôt : le goût du travail et l'importance d'une rigueur intellectuelle et morale. Pensionnaire dès la sixième au Lycée Gérome de Vesoul, il y restera jusqu'au baccalauréat. Besançon, n'ayant pas encore, de Faculté de Médecine, il choisit Nancy, et après l'obligatoire année de PCB, entre en première année de médecine en 1935.

Débuté en 1938, son externat est interrompu par la deuxième guerre mondiale. Démobilisé en 1941, il est reçu à l'internat l'année suivante. Il effectue un stage dans le service d'une trentaine de lits du Docteur Louis Mathieu, modestement aménagé sous les combles et intitulé « Service complémentaire de Médecine Générale ». En effet, les puissants professeurs de Clinique Médicale d'alors n'avaient pas accepté l'appellation « Service de Cardiologie », sans doute, de peur de se voir amputés d'une partie de leurs activités. Au contact de ce premier Maître, son attrait pour cette discipline prendra corps et il gravit les échelons successifs d'une carrière hospitalo-universitaire classique. Agrégé de Médecine Générale en 1955, le service des consultations externes de l'hôpital lui est confié jusqu'en 1959, date à laquelle le Docteur Mathieu, ayant anticipé son départ en retraite, lui confie les clés de ce grenier cardiologique dont la réputation dépassait déjà largement les limites de la Lorraine. Sans doute les administrateurs du Centre hospitalier avaient-ils pris conscience, avant l'heure, de l'intérêt des épreuves d'effort en cardiologie pour laisser ce service au deuxième étage, sans ascenseur. C'est dans ces locaux vétustés qu'avec une volonté inébranlable, une énergie infatigable, une exigence de tous les instants - qu'il s'imposait à lui-même autant qu'à tous ses collaborateurs - qu'il est parvenu à jeter les bases d'une véritable école cardiologique avec ses trois volets classiques : soins, enseignement et recherche. La qualité de l'accueil et de la prise en charge médicale figuraient parmi ses exigences. Il parvint, dans ces combles, à créer la première unité provinciale de soins intensifs aux coronariens quelques mois seulement après l'ouverture de celle du Professeur Bouvrain à Lariboisière. Un peu plus tard, quand des locaux plus grands lui furent attribués, il fit venir le fils de Victor Prouvé, pour élaborer, en concertation avec tout le service, les plans d'un nouveau secteur de soins intensifs et réanimation cardiaque.

C'est ainsi que fut réalisée une unité de six boxes indépendants en arc de cercle, centrés sur un plateau technique de surveillance continue, avec deux couloirs, l'un pour le personnel et l'autre pour les familles.

Titulaire de la chaire de Thérapeutique de 1962 à 1968, date à laquelle fut créée, à son intention, la Chaire des Maladies cardio-vasculaires. Dès lors, l'enseignement de cette discipline pouvait être programmé à tous les niveaux du cursus jusqu'à la spécialité. Convaincu de l'importance d'une formation continue, il fut un des premiers à organiser les Journées de Vittel pour tous les cardiologues de l'Est de la France.

Une recherche appliquée, compte tenu de l'évolution si rapide des techniques, devait être à l'origine de nombreuses publications : l'exploration électro-physiologique des voies de conduction normales et pathologiques, l'entraînement électrique du cœur, les explorations isotopiques dans les coronaropathies.

Outre toutes ces activités locales de chef d'école, il a compté parmi les membres particulièrement actifs de la Société Française de Cardiologie dont il a été le Président en 1974. Durant son mandat, conscient de l'importance de la prévention des maladies cardio-vasculaires ainsi que de la rééducation des cardiaques, il proposa, en collaboration avec le Professeur Degeorges, la création d'associations régionales qui devaient aboutir à la mutation de la Fondation Française de Cardiologie, créée dès 1964, en Fédération Française de Cardiologie dont il assura la Présidence durant 7 années. Dans une démarche vers le grand public, il devait être à l'origine de la revue « Cœur et Santé «. Nous lui devons l'association lorraine de Cardiologie, qui comporte 14 clubs Cœur et Santé.

Mais, ce rappel d'une vie professionnelle particulièrement riche serait trop fragmentaire si n'était évoqué un autre aspect ce qu'il fut aussi : un ami pour beaucoup, un fidèle compagnon pour Mme Faivre, un père aimé et admiré pour ses sept enfants. Pour lui, les réunions cardiologiques, était également l'occasion de partager des moments privilégiés avec des amis. J'ai souvenir, en particulier, de l'enthousiasme avec lequel il se rendait au Château d'Artigny pour participer à ces rencontres organisées par la professeure Mireille Brochier. C'était l'occasion de goûter, avec de fidèles amis, à des joies : touristiques et... gastronomiques. Il serait presque possible d'affirmer que Madame Faivre, médecin également, faisait partie de la Société française de cardiologie, tant l'image de ce couple uni s'imposait. A son départ en retraite, tous deux avaient choisi de vivre à Paris afin de profiter de leurs amis et des activités culturelles que leur offrait la Capitale. Malheureusement, Mme Faivre devait disparaître en 2007, le laissant seul, démuni, après 67 ans de vie commune. Il ne verra malheureusement pas la concrétisation de tous ses efforts, à savoir le nouvel Institut Lorrain de Cardiologie Louis Mathieu dont l'inauguration officielle doit avoir lieu très prochainement mais l'amphithéâtre qui y porte son nom sera une trace indélébile de ce que la cardiologie doit à Gabriel Faivre.

Professeur J-M. GILGENKRANTZ

Texte paru dans la revue Binome de la Faculté (mai 2010 - no 43)