GUILLOZ Théodore

1868-1916

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GUILLOZ pharmacien et médecin, pionnier et victime de la radiologie par P. LABRUDE

Le professeur Théodore GUILLOZ, pionnier de la radiologie de guerre ; un héros discret de la bataille du Grand Couronné par D. REGENT

1895-1995 cent années de radiologie hospitalo-universitaire au service central de radiologie de l'Hôpital Central de Nancy par D. REGENT (texte complété par un diaporama)

ELOGE : texte paru dans la revue « Binôme »

Le vendredi 26 Février 1998 a eu lieu l'inauguration du Service de Radiologie de l'Hôpital Central qui porte désormais le nom de Service Théodore GUILLOZ. Mais qui était Théodore GUILLOZ ? On trouvera ici quelques éléments de sa biographie.

Théodore Guilloz était un franc comtois, né en 1868, à Rougemont (Doubs). Il entama très tôt une carrière scientifique : licencié es sciences physiques, il devint tout d'abord pharmacien de 1ère classe, il s'orienta ensuite vers la médecine. En 1889, il est nommé chef de travaux de physique médicale à la Faculté de Médecine de Nancy. Il passe sa thèse de docteur en Médecine en 1893, sur un sujet d'optique. En 1895, à 27 ans, il est reçu au concours d'agrégation des Sciences Physiques des Facultés de Médecine. Le 1er août 1901, il lui est attribué la charge de cours complémentaires de Clinique Radiologique-Electrothérapie, en même temps, celle de chef du premier service de Radiologie créé à Nancy. Le 1er novembre 1906, il est nommé Professeur Adjoint chargé de la Clinique d'Electroradiologie et de Radiothérapie.

Doué d'un esprit scientifique remarquable, expérimentateur ingénieux, patient et habile, Théodore Guilloz s'est occupé d'un grand nombre de sujets de physique médicale. A partir de 1896, ce sont surtout les travaux sur l'utilisation des rayons X qui retiennent son esprit scientifique. Deux mois et demi après la première communication de Roentgen (28 décembre 1895), Guilloz présente à la Société de Médecine de Nancy, présidée alors par le Professeur Bernheim, deux « photographies Roentgen » prises par lui-même. Peu de temps après, Guilloz présente d'autres applications des rayons X : pour la première fois, localisation par double projection (face et profil) d'une balle intrathoracique qui, de ce fait, peut être extraite. Il envisage également l'intérêt des rayons X pour les travaux d'anatomie et propose d'utiliser des méthodes de contraste.

En 1914, il s'investit tout spécialement dans l'effort de la guerre. Nommé, par l'autorité militaire, Chef du Service de Radiologie des 20 et 21èmes régions, il fit en sorte que les différentes formations sanitaires soient dotées d'un service de radiologie, il s'attacha à perfectionner des appareils de repérage des projectiles, il préconisa l'usage d'aiguilles et de pinces électriques pour la recherche et l'extraction des pièces métalliques.

Son esprit toujours en éveil et sa formation scientifique l'amenaient aussi à intervenir hors du champ médical. Il étudia par exemple, les formules permettant aux artilleurs de tirer avec plus de précision sur les avions ennemis.

Mais cet inventeur, doué d'une indomptable énergie et d'un grand sens patriotique, avait de longue date, une santé profondément altérée. En cherchant à connaître la nature et les effets des rayons X, Guilloz ignorait, comme tout ceux qui, comme lui, étudiaient ces mystérieux rayons, leur terrible nocivité. Dès 1898, il avait les mains très abimées par une radiodermite. Peu à peu, les lésions s'accentuèrent et l'action pathogène de ces rayons continua sournoisement et progressivement ses cruels et douloureux effets durant 18 années. Il mourut le 26 mars 1916.

Physicien de grand qualité, pionnier de la radiologie clinique, patriote au service de l'effort de guerre, Théodore Guilloz fut aussi un martyr de la science.