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Recherche clinique

par F. ZANNAD

les activités hospitalo-universitaires à Nancy (1975-2005)

La ville de celui qui a donné son nom à la « loi Huriet » ne peut manquer d’être un acteur majeur de la recherche biomédicale. Au CHU de Nancy, plus de 450 protocoles de recherche sont en cours et leur nombre ne cesse d’augmenter.

La recherche clinique est une mission importante du CHU. Quel que soit le développement de la biologie moléculaire, des techniques in vitro et des expérimentations animales, la recherche clinique, spécificité hospitalo-universitaire, demeure incontournable car les traitements doivent nécessairement passer par une étape d'expérimentation sur l'homme.

 

LE SOUCI DE LA VISIBILITE

 

La recherche clinique est ici, comme dans les autres CHU, en période de prise de conscience de son importance et de son besoin de plus grande visibilité. Il s'agit aujourd’hui de rendre lisible et promouvoir l'activité de recherche du CHU et de participer à l'effort de cohérence globale avec les autres partenaires de la recherche en santé : université, facultés, établissements publics scientifiques et techniques, d'offrir également aux acteurs de la recherche du CHU un cadre logistique et les moyens nécessaires à leurs ambitions, en optimisant les structures communes CIC, CIC-EC, CRB, tumorothèque, DRC… qui constituent par leur diversité un atout majeur pour le CHU. Il s'agit d'aider les équipes à se fédérer pour bâtir des projets forts.

Le CHU contribue très majoritairement, pour 70% à 75%, à la production en matière de recherche médicale et biologique de l’agglomération nancéienne. Cet élément était méconnu, y compris de ses propres acteurs et les médecins du CHU ont été les premiers surpris d’apprendre que leur communauté médicale contribuait à hauteur de plus d’une publication par jour. En qualité, dans la catégorie des « top1 % » des articles les plus cités dans la littérature médicale, le CHU contribue fortement notamment dans le domaine cardio-vasculaire et de la cancérologie.

L'effort de visibilité passe donc par une meilleure communication. A l’exemple des autres grands établissements de soins, le CHU s’est doté du Panorama de la Recherche, trimestriel de quatre pages, diffusé en interne et aux partenaires, comportant les principales activités de recherche et les principales publications scientifiques. Une première journée annuelle de la recherche a eu lieu en 11 janvier 2005.  La communication avec le grand public est essentielle pour l'informer sur les études en cours et les découvertes récentes au CHU. Chaque citoyen est concerné par la recherche clinique, aussi bien en tant qu'acteur, participant à la recherche, que bénéficiaire des retombées de ces recherches.

 

DES STRUCTURES

 

Comme dans les autres régions, il a fallu se structurer pour développer ces missions : Délégation à la recherche clinique, et plus récemment Direction de la recherche et de l’innovation et Commission des projets innovants.

 

La Délégation à la recherche clinique

La recherche clinique à Nancy a été initiée en 1992. D’emblée la volonté du corps médical et de la CME fut de structurer cette activité.  Pour répondre au PHRC de 1993, le ministère a souhaité la  création des délégations à la recherche clinique (DRC) et nous y avons répondu.

La DRC, d’abord fonctionnant en Commission de la Recherche Clinique (CRC) du CHU, et vite élargie aux autres établissements de soin, a été présidée et animée par le Pr. Gilbert FAURE jusqu’en 2003, et depuis par le Pr. Faiez ZANNAD

La DRC a d’abord un rôle  d'information, d'incitation et d'aide méthodologique auprès des  équipes hospitalo-universitaires et d’autres investigateurs  potentiels qui souhaitent présenter un projet de recherche clinique. Après l'appel à proposition, la DRC suit la mise en œuvre  des projets selon les bonnes pratiques cliniques. Elle conduit  chaque année les évaluations intermédiaires et participe à  l'évaluation finale.

La DRC est donc chargée de : - Diffuser l'appel d'offre du PHRC national lancé par le ministère - Diffuser et gérer l'appel d'offre du PHRC régional - Diffuser et gérer les appels d'offres internes au CHU - Accorder le label « CHU promoteur » aux projets n'entraînant pas de surcoût financier pour le CHU - Valider scientifiquement tous les projets de recherche dont le CHU est promoteur  - Diffuser les informations sur la recherche - Assurer un contrôle qualité des projets.

Force de proposition politique, la  DRC œuvre à la réalisation concrète de ces objectifs.

D’abord par son organisation interne : - Un comité scientifique, dont le rôle consiste à organiser l’expertise scientifique des projets de recherche - Un comité de coordination, qui tend à coordonner les différentes structures communes de recherche au CHU - Un référent « formation - animation scientifique » - Un référent « relations extérieures et établissements associés » - Un référent « assurance contrôle qualité ».

Ensuite, à travers la définition de priorités : mise en place d’une procédure d’expertise scientifique externe pour les projets déposés, organisation de journées de formation à la recherche destinées aux médecins, élaboration de procédures standard en matière d’assurance contrôle qualité et renfort en moyens humains chargés du contrôle qualité vis-à-vis des travaux de recherche « CHU promoteur », identification d’axes stratégiques de recherche basée sur les points forts repérés de l’existant.

 

La Commission des projets innovants

Promouvoir l’innovation, rationaliser la sélection des projets en clarifiant les procédures, tels sont les objectifs de la commission des projets innovants (CPI), entrée en action en 2000. Composée de médecins désignés par la CME, de représentants de la CRC et de représentants de la direction, la CPI a pour rôle de favoriser l’innovation médicale au sein du CHU, tout en l’organisant de manière rationnelle, à fin d’éviter de répondre au coup par coup aux demandes qui émanent à flux continu des différents services.

Présidée par le Pr. Michel CLAUDON, le travail de la CPI s’inscrit naturellement dans la démarche nationale d’appel d’offres aux projets innovants proposée aux CHU et aux CRLCC. Elle est ainsi amenée à recenser et à analyser les dossiers qui relèvent de l’innovation, élaborés par les services, à sélectionner ceux d’entre eux qui seront présentés au ministère pour un soutien financier éventuel. Pour 2004, le CHU a été conduit à proposer et faire valider dix projets aidés à hauteur de 254000 €..

Cet appel d’offres lancé par le ministère destiné à soutenir financièrement l’innovation diagnostique ou thérapeutique fut pour beaucoup dans la relance de la commission. Le soutien à l’innovation est une ligne politique forte du CHU. En effet, pour la deuxième année consécutive, le CHU vient pour sa part d’organiser un appel à projets interne, sur la base d’une enveloppe financière de 300000 € dégagée de ses moyens propres ; la sélection des projets se faisant via la CPI, suivant la procédure décrite.

La CPI limite son champ d’étude aux projets innovants « vrais », permettant une amélioration de la qualité des soins et une meilleure satisfaction des besoins de santé de la population, à la condition qu’ils s’inscrivent dans le projet médical et le projet d’établissement. Un des points forts de la commission est de s’attacher à évaluer le devenir des projets et des fonds investis. Une fois l’avis donné, le suivi et l’évaluation sont essentiels pour accompagner les équipes dans leurs travaux. Sur le plan scientifique, la confrontation de ces résultats  à moyen ou long terme avec ceux des autres équipes françaises ou internationales permet d’évaluer le réel bénéfice apporté au patient. C’est ainsi que les innovations deviennent pratique courante, et c’est ainsi que la réputation et la crédibilité de notre CHU en terme de pratiques de pointe se construisent.

Dans les disciplines scientifiques et médicales, aller de l’avant est une tradition. Distincte et plus large que la recherche stricto sensu, la démarche d’innovation est le fruit d’un travail d’ensemble de la communauté scientifique et médicale, qui prend sa source dans la recherche fondamentale et la recherche clinique, se développe dans quelques centres innovants, puis passe petit à petit dans le domaine des pratiques courantes. Impossible donc de retracer le panorama complet des innovations en cours, tant elles sont nombreuses, diffuses et variées. Les bénéficiaires d’un soutien s’engagent à l’évaluation de leurs projets et à sa présentation à la CPI.

 

La Direction de la recherche et de l’innovation

Le caractère prioritaire donné à la recherche par le président de la CME, conjugué à la volonté du directeur général de rendre davantage visible l’activité de recherche au sein du CHU, a conduit à structurer en 2004 une direction de la recherche et de l’innovation (DRI), confiée depuis 2003 à Monsieur Philippe BOULANGE

Après l'appel à proposition, cette direction suit la mise en œuvre  des projets selon les bonnes pratiques cliniques. Elle conduit  chaque année les évaluations intermédiaires et participe à  l'évaluation finale.

Elle est donc chargée de : - Diffuser l'appel d'offre du PHRC national lancé par le ministère  - Diffuser et gérer l'appel d'offre du PHRC régional - Diffuser et gérer les appels d'offres internes au CHU - Accorder le label « CHU promoteur » aux projets n'entraînant pas de surcoût financier pour le CHU - Valider scientifiquement tous les projets de recherche dont le CHU est promoteur  - Diffuser les informations sur la recherche - Assurer un contrôle qualité des projets.

 

DES UNITES

 

Le Centre d’investigation clinique

Nancy a été l'un des tout premiers centres d’investigation clinique (CIC) de province à voir le jour, en 1995, sous l'impulsion de Pierre  DROUIN et Faiez ZANNAD. Le CIC est un lieu de recherche original noyau d’une dynamique régionale de recherche. Conçu comme une interface entre cliniciens et chercheurs INSERM, il répond aux besoins d’une recherche qui s’est fortement professionnalisée au fil des ans. En effet le renforcement des contraintes méthodologiques, éthiques  et qualitatives a rendu nécessaire la professionnalisation des travaux de recherche à tous les moments clés du processus : avant, pendant et après l’étude, du soutien méthodologique, à la conception du protocole, recherche d’investigateurs, recrutement des patients, soutien logistique, gestion des bases de données et analyses statistiques. Les domaines d’intervention sont la recherche physiopathologique et les essais cliniques.

Originalité nancéienne : le CIC de Nancy a tissé depuis de nombreuses années des liens avec les médecins généralistes sur toute la région Lorraine. Ce réseau riche de près de 400 médecins, animé par le Dr Jean-Marc BOIVIN, constitue un véritable pôle de recherche de médecine générale.  Au départ, un médecin généraliste a travaillé à mi-temps au sein du CIC pour coordonner ce réseau, dénommé « Praticiens Chercheurs ».  Les médecins praticiens libéraux généralistes mais aussi spécialistes sont considérés  comme des partenaires du CIC. Ils suivent eux-mêmes leurs patients, sont rémunérés lorsqu'il s'agit d'essais de nouveaux médicaments, et participent aussi sans rémunération à des recherches cognitives. Ils sont  invités  à afficher dans leurs cabinets un poster où on peut lire: « votre médecin est aussi un chercheur ».

Riche de cette expérience de coordination de la recherche en réseau, le CIC a pris la responsabilité d’animer le réseau national thématique de 16 CIC cardiovasculaires, et coordonne un réseau national d’essais clinique, sur le modèle d’une CRO (Organisation de recherche clinique) académique. Son modèle a servi de base à la conception du projet des CEGEPS (Centre de Gestion des Essais de produits de Santé) dont l’appel d’offre national vient d’être annoncé. Le CIC est aussi engagé dans la coordination en France d’essais pour le National Institute of Health (NIH) américain.

Le CIC a mis en place depuis 1995 une série de séminaires de formation à la Recherche Clinique, destinés aux médecins investigateurs du CHU et aux médecins  libéraux. La DRC a pris le relais pour étende ces séminaires à un plus grand nombre de médecins mais aussi aux pharmaciens et personnels para-médicaux.

 

Le Centre d’épidémiologie clinique

Le CIC-EC, a été créé en 2004, associé ici au service d’épidémiologie et évaluation cliniques du CHU, qui fait partie des services médico-techniques du CHU dont l’historique et les activités sont développées dans le chapitre Santé Publique de cette monographie.

Le CIC-EC est collaborateur pour de nombreux programmes de recherche, dont il assure un soutien méthodologique et un soutien logistique en particulier depuis la création du PHRC. Il mène également des projets propres à ses thématiques de recherche En association avec le service épidémiologie et évaluation cliniques, le CIC-EC assure une consultation de méthodologie et statistique ouverte à tous les praticiens et soignants titulaires ou temporaires de l'établissement. Dans cette consultation, il est sollicité par les services cliniques pour des travaux d'épidémiologie clinique, de thèse, d'évaluation de pratiques ou des programmes d'assurance qualité.

En complémentarité avec le CIC, le CIC-EC intervient spécifiquement dans les recherches à visée diagnostic, les études épidémiologiques et de santé publique.

 

DES EVENEMENTS

 

Le Prix de recherche clinique

Le CHU de Nancy propose chaque année un Prix de recherche clinique dont l’objectif est de favoriser l’accès à la recherche clinique à un interne en fin de formation. Il s’agit d’un salaire, équivalent à celui d'un interne de dernière année, et qui sera attribué pendant un an pour un travail à plein temps sur un projet de recherche clinique réalisé au CHU de Nancy. Pour le prix 2005, ce salaire sera versé soit du 2 novembre 2005 au 2 novembre 2006 soit du 2 mai 2006 au 3 mai 2007.

Ce prix concerne les internes du CHU de Nancy qui achèveront leur internat (et auront alors validé tous leurs stages) soit le 1er novembre 2005 soit le 1er mai 2006. Les candidats doivent soumettre un projet de Recherche Clinique, qui devra être réalisé au CHU de Nancy. Les demandes doivent être constituées sur un dossier type disponible auprès de la Direction de la Recherche et de l'Innovation

Les dossiers de candidature sont soumis à l’avis de rapporteurs extérieurs et la DRC sélectionne un candidat. Les projets soutenus font l’objet d'un suivi par la DRI. Un rapport d’activité est demandé, ainsi que les copies des travaux publiés.

 

La journée de la recherche clinique

En janvier 2005 la première journée de la recherche clinique du CHU eut comme temps fort une conférence de Christian Bréchot, directeur général de l’INSERM, « En quoi chaque citoyen est concerné par la recherche clinique », où il a rappelé notamment la place fondamentale qu’il entendait donner aux associations de patients dans le nouveau dispositif de son institution.

Forte du succès de cette première journée, la DRC a décidé d’organiser annuellement la Journée Recherche Clinique « Claude Huriet » du CHU de Nancy.

 

ET DES THEMES

 

Le CHU de Nancy soutient en propre plus de 70 protocoles de recherche actifs, dont 20 d'envergure nationale, issus du PHRC national. Par ailleurs, une ou plusieurs équipes du CHU sont associées à environ 170 projets soutenus par des promoteurs institutionnels et plus de 220 projets portés par des partenaires industriels, français et étrangers.

A titre d'exemple, le CHU est particulièrement moteur dans les recherches en cardiologie (30 % de sa production de publications), cancérologie, nutrition, environnement et santé publique. La télé-chirurgie robotisée, la thérapie cellulaire, les stratégies thérapeutiques innovantes, l'imagerie médicale dont le TEP (avec le cyclotron), sont autant de domaines où le CHU mène des recherches.

Le CEC a la responsabilité de plusieurs PHRC : - : intérêt clinique des mesures de qualité de vie. - EMIC : Evaluation Médicamenteuse de l'Insuffisance Cardiaque - EPIRHUM : Phase 1 et 2 - Impact des stratégies thérapeutiques sur la qualité de vie des polyarthrites rhumatoïdes. De nombreux autres travaux sont menés en néphrologie, oncologie et sur les endocardites bactériennes.

Parmi les succès du CIC, on peut citer les travaux sur l’aldactone à l’origine d’une étude multicentrique américaine, montrant que l’aldactone diminuait la mortalité de 30% chez les insuffisants cardiaques. Dans le diabète, une nouvelle insuline inhalée est en cours d’expérimentation. Son utilisation permettrait d’éviter les injections pluri-quotidiennes. Les études thérapeutiques ont abouti à la création de nombreux nouveaux protocoles. D’autres travaux, dans le domaine de l’obésité, sur le vieillissement, la ménopause, les troubles cognitifs, les facteurs de prédisposition à l’allergie, les apnées du sommeil, les maladies neurologiques, les hépatites virales, entre autres sont menés par les cliniciens du CHU et les chercheurs INSERM, au sein du CIC. Les travaux sur l’obésité et les maladies métaboliques ont toujours occupé une place importante, en collaboration avec l’équipe du Pr. DROUIN puis du Pr. ZIEGLER.

Ces dernières années, le fonds financier interne au CHU a soutenu en propre nombre d’innovations : - Implants orthopédiques à allongement par rayonnement magnétique externe chez l’enfant - Thérapie Enterrra : prise en charge des gastroparésies rebelles au traitement médical - Station de post-traitement des images - Monitorage par micro-dialyse cérébrale chez les patients traumatisés crâniens graves - Mise en place du phénotypage fonctionnel in vitro du système hémostatique par thrombinographe. Les dossiers peuvent consacrer des procédés validés, déjà appliqués dans certains centres, mais insuffisamment répandus en raison de leur coût.

 

ET DEMAIN ?

 

L’organisation de la recherche clinique est maintenant en phase positive. Ses points forts d’organisation ? Une offre de plate-formes assez riche : CIC, CIC-EC, deux CRB, une tumorothèque, un cancéropôle. Des thématiques historiques : en santé publique, nutrition, allergies alimentaires, cancer, cardiovasculaire et ingénierie de réseau, d’organisation interrégionale, avec les généralistes et les cliniques : ce parti-pris de décloisonnement total et coopératif est bien dans l’esprit lorrain, comme son aptitude à travailler selon des procédures et des règles. Ses points faibles ? Une relative pauvreté en unités INSERM. Si trois unités ont été habilitées récemment, dans les 3-4 ans il est sans doute possible d’en obtenir deux ou trois supplémentaires.