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Autres textes complémentaires : Les disciplines pédiatriques par N. NEIMANN - Pédiatrie par M. PIERSON - Evolution de l'Hôpital par M. VIDAILHET

Hôpital d’enfants de Brabois

 

 

 

TEXTES FAISANT PARTIE DE LA PLAQUETTE CONCUE ET EDITEE PAR LE CHR

 

C. COULAIS

Maire de Nancy.

Président du Conseil d'Administration du Centre Hospitalier Régional

 

La réalisation de l'Hôpital d'Enfants répond au profond désir de doter Nancy, son district, la Meurthe-et-Moselle et la région Lorraine d'un instrument de santé apte à satisfaire dans les meilleures conditions les besoins de santé de l'Enfant.

Cet hôpital, attendu depuis 1964, dont le programme a été approuvé en 1967 par le Ministère de la Santé, est la récompense de quinze années d'efforts tenaces déployés par le Conseil d'Administration, le Corps Médical et l'Administration Hospitalière.

Le résultat obtenu est à la hauteur du travail accompli. Grâce à ses 33000 m2 répartis sur huit niveaux, cet établissement de 332 lits permet d'atteindre un triple objectif, thérapeutique, technique et humain.

La vocation première de cette construction est de rassembler en un même lieu les différentes spécialités qui étaient dispersées dans les divers établissements du Centre Hospitalier Régional, ce qui n'était pas particulièrement adapté à l'évolution de la science médicale dont les progrès rendent nécessaires, plus que jamais, une prise en compte pluridisciplinaire des diverses pathologies. Grâce au regroupement, les différentes équipes médicales pourront développer des recherches conjointes, en s'appuyant sur les connaissances et le savoir-faire des unes et des autres, bases d'un travail interdisciplinaire dont les enfants hospitalisés bénéficieront incontestablement des retombées. La création d'un pôle hospitalier spécialisé pour l'enfant apparaît aussi comme un facteur indispensable pour garantir une prise en compte des besoins de santé de l'enfant dans les meilleures conditions de rapidité et de sécurité.

Outil technique de premier plan, l'Hôpital d'Enfants l'est assurément par la qualité des équipements mis à la disposition du Corps Médical, et qui rend possible la pratique des techniques médicales les plus avancées, tant en matière diagnostic par les unités d'exploration (Radiologie, Explorations Fonctionnelles, pédiatrique, laboratoires...) qu'en matière thérapeutique (bloc opératoire, réanimation, dialyse, oncologie, brûlés, et tous les services spécialisés...). Toutes les conditions d'une prise en charge optimale des diverses pathologies de l'Enfant sont réunies dans cette réalisation, ce qui la classe au premier rang de ce type d'établissement.

En dotant l'Hôpital d'Enfants des équipements médico-techniques les plus actuels, le Centre Hospitalier Régional a mis à la disposition des équipes médicales et paramédicales un instrument de travail qui a voulu être à la mesure de leur talent et de leur dévouement.

Cependant, l'importance de l'équipement technique ne doit pas faire oublier un des objectifs essentiels qui a guidé la construction de l'Hôpital d'Enfants : celui d'assurer aux enfants un environnement spatieux et sécurisant. En offrant un espace de 50 m2 par lit, ce qui est nettement supérieur aux normes habituelles, cet établissement traduit le souci qu'ont eu les concepteurs de chercher à satisfaire les besoins socio-affectifs de l'enfant.

Pour un hôpital d'enfants plus que tout autre établissement, il me paraît essentiel d'avoir eu pour ambition de rechercher une parfaite synthèse entre le technique et l'humain. Si un établissement hospitalier est un lieu qui doit être pourvu de tous les moyens pour dépister et combattre la maladie dans les meilleures conditions, il doit aussi, plus particulièrement, s'il est destiné aux enfants, être un lieu qui contribue à assurer calme et apaisement, dans le respect de la spécificité de l'enfant.

Tout a été pensé pour dédramatiser l'hospitalisation et assurer la meilleure insertion possible de l'enfant dans l'univers hospitalier. Grâce à ses chambres mère-enfant, ses salles de jeux, ses couleurs chaudes et gaies, l'Hôpital d'Enfants s'est voulu accueillant et rassurant, non seulement pour les enfants, mais aussi pour les parents dont l'angoisse ne pourra qu'être atténuée par l'atmosphère de sécurité, de confort et de chaleur qui se dégage des locaux.

La réalisation de cet établissement est un acte d'espoir et de confiance dans l'avenir parce qu'elle traduit la volonté de Nancy, en se donnant les moyens, de préserver l'atout irremplaçable que constitue sa jeunesse, de poursuivre sa politique de progrès.


G. GRIGNON F. STREIFF

Doyens des Facultés A et B de Médecine de Nancy

 

Depuis 1975, sur le Plateau de Brabois, séparées par la route de l'imposant édifice de l'Hôpital, flanqué lui-même du Centre Alexis Vautrin, du Centre Régional de Transfusion Sanguine, de l'Institut de Recherches Chirurgicales et des Unités 14, 95, 59, et 115 et 23 de l'INSERM, les Facultés de Médecine accueillent leurs étudiants dans leurs nouveaux locaux où des bâtiments bas à terrasse disputent le terrain à des pelouses semées d'arbustes. Cet ensemble hospitalo-universitaire déjà très remarquable vient d'être complété par l'apparition d'un nouveau venu : l'Hôpital d'Enfants qui, après plus de quarante ans de gestation, a enfin vu le jour.

Les Facultés de Médecine issues de la scission en deux parties de l'ancienne Faculté en 1972 occupent donc des locaux encore presque neufs. Avec leurs 40 000 m2, elles permettent d'offrir à leurs 5 692 étudiants 8 amphithéâtres de 250 à 600 places et 14 salles de travaux pratiques ou de travaux dirigés dont certaines ont reçu des aménagements particulièrement originaux, notamment pour l'enseignement de la radiologie. Les laboratoires de recherche y ont trouvé la surface qui manquait si cruellement rue Lionnois ; ils sont maintenant bien installés dans un cadre agréable. Un service audio-visuel particulièrement bien équipé contribue à doter les enseignants et les étudiants de moyens appréciés. Un restaurant universitaire et une vaste bibliothèque complètent harmonieusement les locaux strictement universitaires. Au total existe sur le Plateau de Brabois un ensemble cohérent bien adapté aux nécessités d'un enseignement moderne et qui se prête aisément, par ailleurs, à l'organisation de manifestations scientifiques.

Le statut actuel d'établissement dérogatoire permet, au sein de l'Université, une gestion cohérente des deux Facultés dont les services administratifs sont communs ; il permet également d'assurer dans de bonnes conditions la nécessaire articulation avec l'administration hospitalière. En d'autres termes, il est adapté aux exigences de la situation des enseignants de Médecine qui sont, certes, universitaires à part entière, mais qui ont de toute évidence des fonctions de soins, ce qui implique leur présence dans les services hospitaliers. Il importe que les autorités de tutelle qui préparent une profonde réforme de l'Université aient bien conscience de cette spécificité des Universitaires des Facultés de Médecine, afin de maintenir le potentiel d'enseignement et de recherche que représente l'actuel statut hospitalo-universitaire.

On dit que, le soir tombé, les vieilles pierres ont un langage et qu'elles parlent entre elles. Si cela est vrai, par delà la route, s'installe un dialogue où les pierres encore jeunes de notre déjà vieille Faculté racontent au dernier arrivé notre tradition et l'invitent à ce long avenir qu'ils vivront ensemble dans une fructueuse collaboration ou plutôt dans une parfaite symbiose.

 

R. HERBEUVAL

Ancien Président de la Commission Médicale Consultative

 

L’hôpital d'enfants est une importante réalisation souhaitée depuis de très très nombreuses années par nos collègues pédiatres.

Cet espoir enfin concrétisé par un ensemble prestigieux et ultra-moderne répond parfaitement à leurs souhaits.

C'est un instrument architectural et technique de très haute valeur, qui doit satisfaire les besoins de la population de la Lorraine.

Tout a été prévu pour que se réalise dans ce centre, une médecine de très haut niveau, qu'il s'agisse de traiter des maladies communes ou des maladies rares, l'arsenal diagnostique et thérapeutique est d'une exceptionnelle qualité.

Il est de plus appuyé sur la proximité immédiate de l'important complexe de Brabois.

Tout cet ensemble, allié à la présence des Facultés de Médecine, du Centre de Transfusion, du Centre Alexis Vautrin, des écoles para-médicales en fait un élément essentiel du prestige médical de la Lorraine.

Il ne s'est pas agi simplement du transfert et du regroupement des services hospitaliers des hôpitaux centraux, mais bien de la véritable création d'une structure nouvelle.

Celle-ci comprend trois services de pédiatrie, une polyclinique, deux services de chirurgie, une unité de neuropsychiatrie, une unité d'urgence, une unité de réanimation polyvalente et enfin, une unité de cardiologie infantile.

L'important secteur « hôpital de jour » ouvre avec les consultations, cette structure sur l'extérieur.

La création de secteurs spéciaux, type secteur stérile, permet de réaliser une médecine de pointe indispensable en milieu C.H.U.

A tout ceci vient bien sûr s'ajouter un plateau technique spécialisé (radiologie, laboratoire, etc.).

La réalisation de ce rêve de plus de quarante ans apporte au signataire de ce propos la preuve que la persévérance, la ténacité sont des facteurs essentiels de réussite et une bien belle récompense de tant d'efforts.

 

A. BEAU

Doyen Honoraire de la Faculté de Médecine de Nancy

 

La longue genèse de l'Hôpital d'Enfants

 

Les soins à donner aux enfants malades exigent de manière impérative des conditions d'hospitalisation très particulières de manière à leur offrir le maximum de confort matériel et moral et toutes les garanties qu'exigent des techniques de plus en plus spécialisées et affinées de diagnostic et de traitement des affections dont ils sont atteints.

C'est pour ces raisons que les grands hôpitaux et particulièrement les C.H.U. leur réservent des établissements spéciaux dont l'exemple le plus ancien est l'Hôpital des Enfants Malades à Paris, créé dès 1802, le premier au monde.

A Nancy, une première solution à ce problème a été apportée en 1894, par la construction d'un Pavillon d'Enfants, réalisé grâce à la générosité testamentaire d'une institutrice : Mlle Virginie Mauvais.

Durant de nombreuses années, ce bâtiment fut appelé à recevoir la Clinique de Médecine Infantile, dirigée alors par le Professeur Haushalter et la Clinique de Chirurgie Infantile sous la responsabilité du Professeur Froelich.

Très rapidement il s'avéra trop petit ; aussi, dès 1930, le Service de Médecine Infantile émigrait dans le nouveau Pavillon Alfred Krug, se séparant ainsi de la Chirurgie qui demeurait seule dans ses locaux primitifs.

Cependant, le nombre de petits hospitalisés grandissait rapidement tandis que le développement des techniques médicales et chirurgicales prenait un essor considérable nécessitant une large extension des locaux.

La solution de la construction d'un hôpital d'enfants sembla être trouvée dès 1930 grâce au legs généreux de Madame Lhuillier-Hinzelin qui léguait sa propriété du parc de Saurupt et une importante somme d'argent pour le réaliser.

Les travaux menés à bien étaient presque terminés en 1939, les bâtiments servirent alors de magasins et d'intendance à l'armée allemande puis aux troupes américaines.

Quand la commission des hospices fut en mesure de les récupérer on constata qu'ils n'étaient plus adaptés aux progrès spectaculaires qu'avaient faits les techniques médicales et chirurgicales et que leur adaptation nécessiterait des sommes considérables que les hospices ne possédaient pas.

Le problème de l'hospitalisation des enfants demeurait donc entier et se trouvait alors lié à la rénovation totale du Centre Hospitalier et à la construction du nouvel hôpital de Brabois.

Dès janvier 1963, le Professeur Neimann, professeur de Médecine Infantile et moi-même demandions avec une toute particulière insistance la construction sur le plateau de Brabois d'un hôpital d'enfants. Le 24 juin 1964, la commission des hospices faisait sienne cette proposition. Il fallut treize ans pour que ce projet, reconnu indispensable par toutes les autorités, puisse finalement aboutir à une décision définitive le 17 septembre 1977.

Il faudrait plusieurs pages pour énumérer seulement les multiples demandes et interventions pressantes faites auprès des ministres de la Santé et de la direction générale des Hôpitaux par les maires successifs de Nancy, la commission administrative, les directeurs du C.H.R., le Conseil de la Faculté de Médecine et son doyen, la commission médicale consultative et son président, appuyés par l'autorité préfectorale de tutelle, et le Conseil général de Meurthe-et-Moselle pour faire aboutir ce projet.

Dès mars 1968, un programme était mis au point et recevait l'approbation de la commission des hospices le 8 juillet 1968. Celui-ci portait sur un ensemble de 465 lits, il devait s'amenuiser progressivement au cours des années ultérieures et se limiter finalement à une capacité de 332 lits.

Le 17 septembre 1977, le ministre donnait son accord pour l'engagement définitif de l'opération.

Sans perdre de temps, les plans d'exécution étaient mis au point et les marchés d'adjudication passés.

Le 17 novembre 1978, M. Claude Coulais, Maire de Nancy, posait la première pierre de ce nouvel hôpital d'enfants, fruit de la persévérante ténacité de tous les responsables : administrateurs et médecins.


N. NEIMANN - M. PIERSON

Professeurs de Pédiatrie à la Faculté de Médecine de Nancy

 

Un hôpital tout neuf entièrement dévoué aux enfants de Lorraine

 

Après une longue histoire et bien des vicissitudes, l'Hôpital des Enfants de Nancy va voir le jour à la fin de cette année 1982.

Les justifications de la construction d'un établissement aussi important (332 lits) et son organigramme ont été développés à plusieurs occasions. Il fallait, à Nancy, à la fois un hôpital de secteur pour les enfants de la ville et du district et un centre de diagnostic et de traitement de haute technicité pour la Région Lorraine.

Au fil des années, on a assisté à une modification sensible de l'importance respective de ces deux fonctions :

1 - La clientèle de Pédiatrie courante de secteur a sérieusement diminué au cours des 10 dernières années : les raisons en sont faciles à comprendre :

• De nombreux services hospitaliers ont été construits, proches de Nancy, bien équipés en moyens techniques et pourvus de médecins compétents et actifs. Les responsables hospitalo-universitaires ont formé depuis plus de 10 ans un grand nombre de spécialistes d'enfants et ont largement contribué à donner aux médecins généralistes une meilleure formation en Médecine Infantile.

• La disponibilité des uns et des autres a permis un accès à domicile à des soins de bonne qualité. On ne peut nier, enfin, les extraordinaires progrès obtenus grâce à la prévention, l'éducation pour la santé, qui sont tout à l'honneur de la Pédiatrie régionale.

• La régression de la clientèle de Pédiatrie courante s'accompagne cependant, depuis quelques années, de sa transformation radicale au profit des enfants de migrants qui représentent aujourd'hui de 20 à 30 % des effectifs des hospitalisés de moins de 3 ans.

2 - La mission régionale des services d'enfants tend, au contraire, à voir son champ d'action s'élargir, devenir de plus en plus complexe. Cela résulte des progrès de la Pédiatrie, progrès scientifiques, technologiques, psychologiques et sociaux.

3 - La principale disposition retenue dans le projet initial a été le regroupement en un seul établissement de la plupart des disciplines pédiatriques : Médecine, Chirurgie, Spécialités, avec un plateau technique de haute qualité.

4 - Dans le souci d'apporter à la population lorraine le meilleur service, on a délibérément voulu que cet Hôpital s'ouvre largement sur l'extérieur. Aussi, de nombreuses consultations y fonctionneront matin et après-midi, pour toutes les disciplines : Pédiatrie générale, Pédiatrie spécialisée vers les maladies de la croissance; des reins, du cœur, des glandes endocrines, du sang, du système nerveux, les affections cancéreuses, etc. Les affections chirurgicales générales et spécialisées également, l'orthopédie, les brûlés, les accidents. Ce fonctionnement, de type polyclinique, offrira une grande commodité aux familles et évitera des hospitalisations. Le système « Hôpital de Jour » y parviendra encore mieux. Un grand secteur est prévu pour les affections hématologiques et oncologiques, les maladies rénales, endocriniennes, le diabète, etc. Les affections du système nerveux et psychiatriques auront également un secteur de consultations important.

5 - Les écoles pédiatriques nancéiennes ont toujours attaché une très grande importance aux actions médico-sociales et préventives. Aussi, seront maintenus et améliorés les liens qui existent depuis toujours avec toutes les organisations régionales et locales de prévention, de réadaptation et d'assistance.

6 - Le Centre Hospitalier Régional de Nancy, maître d'œuvre, et l'architecte ont indiscutablement réussi à faire passer également dans la réalisation du bâtiment ce souci de l'humain que souhaitaient les pédiatres.

Une grande disponibilité de tous, un aménagement particulier des horaires de visites, le grand nombre des chambres mère et enfant, la présence d'enseignants de l'Ecole à l'Hôpital et l'action bénévole des « Dames du jeudi » contribueront de manière essentielle à rendre moins pénible le séjour des petits malades.

Les médecins d'enfants qui sont à l'origine du projet et ont participé activement à sa réalisation tiennent à dire leur gratitude au Conseil d'Administration et en premier lieu à son Président, Monsieur le Maire de Nancy, dont l'action fut déterminante pour obtenir le feu vert du Ministre de la Santé de l'époque.

Notre reconnaissance va également aux Administrateurs de la Caisse Régionale d'assurance Maladie du Nord et de l'Est, au Conseil Général, au District Urbain.

Enfin l'Administration Hospitalière, les Directeurs Généraux G. Marquet et P. Aubanel, leurs collaborateurs, le Cabinet Le Maresquier, en particulier M. Baumann, ont vraiment œuvré avec toute leur énergie et leur cœur pour une pleine réussite de l'œuvre.

Tant de travail, tant d'investissement financier, tant d'engagement professionnel permettent d'assurer aujourd'hui que les enfants de Lorraine trouveront l'accueil le plus généreux, la compétence la plus grande et le plus profond dévouement de tout le personnel de cette grande maison qui a été faite pour eux.


J. PREVOT

Professeur de chirurgie orthopédique à la Faculté de Médecine de Nancy

 

L'Hôpital d'Enfants en 1982

 

Chez l'enfant, les organes atteints par des maladies nécessitant une opération, ne diffèrent pas de ceux qui sont concernés chez l'adulte. Et cependant tout sépare la pathologie de ces deux tranches d'âge.

Les lésions anatomiques sont en effet d'essence tout à fait différente ; on ne peut comparer le blocage des urines produit chez l'adulte par la maladie prostatique et le même symptôme survenant chez le nourrisson du fait d'une valve obstructive de l'urèthre. Ceci est valable pour la totalité des organes atteints. D'autre part les symptômes de ces maladies chirurgicales ne sont pas superposables chez l'enfant et chez l'adulte ; enfin il y a une différence fondamentale dans les traitements et les indications thérapeutiques.

Trois éléments importants viennent s'ajouter à ces notions essentielles sur lesquelles nous avons souvent et longuement insisté :

a) Les malformations congénitales témoins d'une anomalie ponctuelle et mineure de l'embryologie sont une des causes les plus fréquentes des nécessités chirurgicales chez l'enfant. Certes on connaissait bien les malformations compatibles avec la vie et opérables longtemps après la naissance. Le champ des activités chirurgicales s'est incomparablement étendu avec les possibilités de diagnostic et de traitement chez le nouveau-né permettant d'obtenir la guérison intégrale d'enfants qui n'intéressaient autrefois que les chercheurs des laboratoires du fait d'un décès précoce inévitable. Et on a pu alors constater ce fait fondamental que la correction précoce de la malformation quelle qu'elle soit est la condition d'une guérison de qualité. Et voici que maintenant les malformations peuvent être diagnostiquées pendant la grossesse permettant dans un avenir plus ou moins proche une correction qui se rapprochera encore plus de la date d'apparition de l'anomalie.

b) La pathologie de croissance qui suit l'enfant tout au long de son développement physique. Elle caractérise des affections qui ne se produiront plus à aucun autre âge de la vie et qui tiennent en particulier aux caractéristiques du squelette. La croissance imprime sa marque sur la traumatologie en modifiant la localisation des fractures, en réduisant ou en augmentant les diverses complications tout spécialement en fonction du traitement.

c) Une des spécificités particulières, les plus importantes, de l'enfant, reste toutefois son état psychologique et son environnement affectif. Comme l'enfant a des écoles adaptées à sa taille et à ses possibilités d'éveil, il doit aussi bénéficier en milieu hospitalier d'un cadre et d'un environnement socio-affectif convenables, compatibles avec sa taille, ses habitudes et ses activités de jeux et d'étude.

L'Hôpital d'Enfants répond à ces impératifs. Réponse des pouvoirs publics à l'extraordinaire développement technique de la chirurgie du tout petit et de l'enfant, il doit permettre grâce à des moyens d'investigations toujours plus performants (échotomographie, scanner, endoscopes miniaturisés) des traitements précoces complets et efficaces dans une ambiance de fructueuse collaboration médico-chirurgicale.

Les deux Services de Chirurgie respectent l'indispensable séparation entre orthopédie infantile et chirurgie viscérale ; ils se complètent par des secteurs communs qui sont dévolus aux urgences et à la réanimation. Chacun d'entre ces services possède par ailleurs une enclave originale et indispensable ; dans l'étage de chirurgie viscérale, il s'agit d'un secteur de 8 lits réservés aux malades septiques qui pourront y recevoir les soins spécialisés voulus ; dans l'étage de chirurgie orthopédique, un secteur identique est réservé aux enfants victimes de brûlures dont on sait la fréquence élevée ; cette structure réalise un véritable Centre de brûlés pour enfants, parfaitement agencé et dont l'équipement complet répond à toutes les exigences thérapeutiques. Il est appelé à rendre les plus grands services dans ce genre d'accident si fréquent et si grave.

L'Hôpital d'Enfants est un merveilleux outil de travail donnant toute sa justification à l'interpellation que Potts prête au petit malade qui s'adresse à son chirurgien :

« Je t'en prie, manipule mes tissus miniaturisés et mes organes si fragiles avec la plus extrême douceur ; fais en sorte de corriger mes malformations complètement et en une seule fois ; donne -moi une quantité adéquate de sérum et d'électrolytes ; pendant l'opération ne me laisse manquer d'oxygène à aucun moment. Et j'aurai à cœur de te montrer que tu n'as pas aidé un ingrat ; tu seras émerveillé de ma guérison rapide et parfaite et moi je te serai éternellement reconnaissant ».

   

P. AUBANEL

Directeur Général du C.H.R. de Nancy

 

L’Hôpital d'Enfants, construit par le Centre Hospitalier Régional de Nancy sur le site de Brabois, s'intègre dans un ensemble hospitalo-universitaire réservé aux malades adultes. Il témoigne de l'effort permanent de rénovation et de modernisation des hôpitaux nancéiens.

En effet, ce nouvel établissement met à la disposition des enfants malades et de leurs familles, des possibilités de soins et d'hébergement adaptés aux données actuelles des techniques médicales et chirurgicales de la pédiatrie.

Il comprend 332 lits et 6 postes de dialyse, qui se répartissent en :

90 boxes individuels de nourrissons 35 chambres de 3 ou 4 lits 15 chambres à 2 lits

97 chambres à 1 lit, dont 38 de type « mère et enfant » sont conçues pour le séjour de la mère.

Chacun des cinq étages d'hospitalisation, doté de vastes surfaces, réalise un ensemble où sont prises en compte les exigences relatives à la dispensation des soins, la surveillance et le confort des enfants.

Les équipements médico-techniques sont rassemblés sur deux niveaux au rez-de-chaussée ; ils permettent aux équipes médicales de poursuivre et de développer, dans les meilleures conditions, des techniques de pointe que l'Ecole Pédiatrique de Nancy porte au plus haut niveau.

La construction et l'équipement de l'Hôpital d'Enfants, représentent quatre années de travail opiniâtre.

Cette période a été placée sous le signe de la concertation avec le Cabinet Le Maresquier, son architecte d'opération, la SEBA — Cabinet d'études techniques — le Corps Médical, l'Administration Hospitalière et le personnel hospitalier.

Cette heureuse collaboration a permis de connaître et d'anticiper toutes les adaptations nécessaires pour la mise en place des équipements et de définir les contraintes de fonctionnement, en recherchant les solutions les mieux adaptées.

Cette opération ne se raconte pas en quelques mots, car elle est plus lourde qu'il n'y paraît : 33 000 m2 sont sortis du sol, l'hôpital d'adultes de Brabois en représente simplement le double, c'est dire que tous les participants l'ont vécue intensément.

Pour ce qui concerne l'Administration Hospitalière, à la phase de mise en route, elle a eu le souci de s'adapter au parti architectural mais aussi de dégager des solutions de complémentarité avec les structures administratives et techniques qui fonctionnent depuis 9 ans dans l'hôpital d'adultes.

Cette recherche de l'optimisation des moyens se justifie car l'ensemble hospitalier du plateau de Brabois est un tout, mais aussi parce que l'ouverture de l'hôpital d'enfants n'est pas la seule illustration des efforts de rénovation du patrimoine hospitalier nancéien. D'importants travaux de modernisation ont été réalisés et d'autres sont en cours dans les hôpitaux urbains, à l'Hôpital Jeanne-d'Arc, à Lay-Saint-Christophe. A Brabois, même, la blanchisserie centrale a été complètement transformée afin de résoudre le problème de l'approvisionnement en linge des services hospitaliers ; toutes ces opérations impliquent une mobilisation importante de moyens.

Au moment où les secteurs pédiatriques vont pouvoir travailler dans des conditions adaptées aux exigences de notre temps et des techniques qui les caractérisent, l'Administration Hospitalière souhaite que les hommes et les femmes auxquels elle remet cet instrument, en tirent pour eux-mêmes et pour les enfants malades les meilleures satisfactions.

Une étape de plus est vécue par notre institution, dont le conseil d'administration avec ténacité, fixe des perspectives de développement qui témoignent que résolument tourné vers l'avenir, le Centre Hospitalier Régional de Nancy continuera d'aller toujours plus loin dans les actions de santé qu'il met en œuvre pour les populations de la région Lorraine.