PRENANT Auguste

1861-1927

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Texte extrait de " Les sciences morphologiques à Nancy " par E. LEGAIT

Numéro Spécial du Centenaire de la Revue (1874-1974) Annales Médicales de Nancy

C'est Auguste Prenant que la Faculté avait déjà distingué qui succédera à Baraban. Il avait en effet publié le premier tome des « Éléments d'embryologie de l'Homme et des Vertébrés » (1891) ; le deuxième tome paraîtra quelques années plus tard en 1896. Ces éléments, sous leur titre modeste, représentaient un traité qui non seulement résumait l'ensemble des connaissances que l'on possédait alors sur le développement, mais encore relatait un très grand nombre de recherches personnelles.

Quelques années plus tard (1904-1917), il présentait avec la collaboration de Bouin et de Maillard, un monumental traité d'histologie ; véritable encyclopédie de la science microscopique de cette époque, cette oeuvre par la clarté de son expression, la valeur de sa documentation, n'a jamais été égalée. Mais son oeuvre didactique ne se limite pas à ces deux traités ; pendant toute sa carrière, il mit son immense érudition au service de tous, dans de très nombreuses revues générales.

Sous son impulsion, le laboratoire d'histologie était devenu un foyer bouillonnant d'idées nouvelles ; si l'activité du maître était surtout orientée vers la cytologie, cependant l'histophysiologie et déjà l'endocrinologie retenait son attention. En embryologie, nous lui devons de remarquables études sur les dérivés branchiaux, sur l'hypocorde des reptiles, sur les yeux pariétaux accessoires ; en cytologie, rappelons sa découverte du corpuscule intermédiaire dans les cellules en cinèse, celles réalisées sur le corpuscule central, sur les cellules trachéales des insectes, sur la fibre musculaire, sur les cellules ciliées, sur les pigments et les cellules pigmentaires et en histologie, ses recherches sur la strie vasculaire du limaçon, sur l'histogenèse du thymus, sur celle de la glande germinative mâle, sur la spermatogénèse des mammifères, sur les modifications des parois artérielles de l'utérus après la parturition, etc...

De très nombreuses thèses ont été effectuées sous sa direction ; signalons celle de Charles Simon (1896) sur « Thyroïde latérale et glandule thyroïdienne chez les Mammifères », celle de Pol Bouin (1897), sur les « Phénomènes cytologiques anormaux dans l'histogenèse et l'atrophie expérimentale du tube séminifère », celle d'Athanasow (1898) consacrée à des « Recherches histologiques sur l'atrophie de la prostate consécutive à la castration et à la vasectomie », celle de Charles Garnier (1899) intitulée « Contribution à l'étude de la structure et du fonctionnement des cellules glandulaires séreuses » avec comme sous-titre : « Du rôle de l'ergastoplasme dans la sécrétion »; ce dernier en décrivant sous ce nom au niveau des cellules glandulaires séreuses des filaments basaux, mettait en évidence pour la première fois un des constituants cytoplasmiques fondamentaux : il reconnaît leur basophilie et constate que c'est « l'ergastoplasme » qui élabore les matériaux destinés à la sécrétion pour les livrer sous forme de granulations d'abord nodales, puis libres à l'intérieur du cytoplasme. Cette notion nouvelle connut dans ces toutes dernières années, un regain d'intérêt. De nouvelles techniques, et en particulier celles de la microscopie électronique, permirent de confirmer et d'étendre les observations de Garnier ; la présence d'un ergastoplasme au niveau des éléments cellulaires élaborateurs est actuellement admise sans conteste possible. Citons encore les thèses d'Albert Henry (1900) sur la fonction sécrétoire de l'épididyme, celle de Maurice Limon (1901) sur la glande interstitielle de l'ovaire et celle de Francis Marceau (1902) sur l'histologie des fibres de Purkïnje. Il n'est pas de traité d'histologie actuel qui ne fasse encore état des observations de ces auteurs.

Comme Nicolas, Prenant se préoccupait de donner aux biologistes de Nancy un moyen d'expression ; c'est en novembre 1895 que se réunit pour la première fois à son instigation et sous sa présidence « La Conférence biologique de Nancy », celle-ci s'élargit en 1897 en devenant la Réunion biologique qui quelques années plus tard, en 1903, devint l'actuelle Société de Biologie de Nancy; celle-ci fonctionne toujours suivant les directives de Prenant, réunissant les biologistes de nos Facultés de Médecine, de Pharmacie et des Sciences. C'est devant cette Société qu'il présenta ses recherches d'histologie endocrinienne qui devait être par la suite le domaine de prédilection de ses élèves.

La valeur de ses travaux avait donné à Prenant une telle réputation qu'il était appelé en même temps que Nicolas à la direction de la chaire d'histologie de Paris, devenue vacante en raison du décès de Mathias Duval. Là encore, il eut de nombreux élèves, citons en particulier, le professeur Verne qui dirigea à Paris successivement les chaires de biologie et d'histologie et le Doyen Turchini qui dirigea de nombreuses années celle de Montpellier.

Ce sont deux de ses élèves qui lui succédèrent dans les deux chaires qu'il occupa successivement, Pol Bouin à Nancy en 1907, et Christian Champy à Paris en 1927. L'un comme l'autre ont écrit sur leur maître des pages où se reflètent leur profonde admiration et une vive affection. Sa vaste intelligence, son érudition encyclopédique était connue de tous ; ce qui l'était moins, c'était son sens aigu de la justice, son amour de la vérité et sa grande sensibilité.