CAUSSADE Louis

1885-1965

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Texte extrait de " Les disciplines pédiatriques " par N. NEIMANN - Numéro Spécial du Centenaire de la Revue (1874-1974) Annales Médicales de Nancy

Louis Caussade est né le 23 janvier 1885 à Bouhans-les-Autrey (Haute-Saône). Très tôt, auprès de son père, bouquiniste, il a appris à aimer la lecture et l'étude. Après avoir accompli le P.C.N. à Besançon, il vint, en 1905, s'inscrire à la Faculté de Médecine de Nancy qu'il devait servir et illustrer jusqu'à sa disparition. Notre Maître aimait rappeler qu'au début de ses études universitaires il n'éprouvait aucune attirance pour la Médecine. Celle-ci ne s'est manifestée qu'au cours de l'externat. Au contact des malades, il découvrit, à la fois, le devoir de soulager leur souffrance et la possibilité d'accomplir cette mission en appliquant les méthodes apprises auprès de ses aînés. Il décida donc de travailler avec acharnement pour améliorer ses connaissances et demeurer ainsi digne de ses responsabilités. Grâce à sa puissance de travail et à sa brillante intelligence, il y réussit parfaitement. S'adaptant aisément aux servitudes hospitalières, il avait parfait sa formation au cours des années d'internat accomplies auprès de Bernheim, A. Herrgott, Gross et Simon. En même temps, ses fonctions de préparateur au Laboratoire de physiologie lui ont permis d'acquérir une formation de biologiste. De ces années d'apprentissage, L. Caussade a gardé un souvenir reconnaissant et ému. Il évoquait souvent les longues heures passées à l'hôpital, au chevet des malades, au contact de ses aînés et de ses pairs. Ces années d'internat l'ont marqué profondément et par la suite, il a toujours défendu cette institution, grande école de formation clinique et tremplin des carrières hospitalo-universitaires. Dès ces années d'apprentissage, ses Maîtres et ses pairs furent unanimes à reconnaître l'ampleur de ses connaissances et ses dons didactiques. Chemin faisant, il obtint le prix de l'Internat, et le prix Heydenreich-Parisot.

En 1913, il fut nommé Chef de clinique auprès du Professeur Simon. La guerre devait interrompre ces fonctions. L. Caussade fut mobilisé dans un régiment d'infanterie qui appartenait au corps d'armée de Besançon. Celui-ci se recrutant, en partie, dans l'Ile-de-France, il s'est trouvé au contact de collègues parisiens. Affecté dans un hôpital de secteur, il a travaillé aux côtés de Nobécourt et de Fernand Trémolières. A la fin de la guerre, il était chef de laboratoire d'une auto-chir. dont le médecin-chef était Mocquot. Au contact de ces Maîtres qui l'associèrent à leurs travaux, il perfectionna ses connaissances cliniques et bactériologiques.

Dès l'Armistice, notre Maître a repris ses fonctions de Chef de Clinique auprès du Professeur Simon et s'est attelé à la préparation du concours d'agrégation. Il eut la bonne fortune d'être entraîné, avec P. Simonin, par Jacques Parisot. Dès lors, une amitié solide a lié ces trois hommes, amitié qui devait durer quarante ans et qui fut fortifiée par la communauté des pensées généreuses et le travail accompli en commun, au sein de la Faculté et, surtout, dans le cadre de l'Office d'Hygiène Sociale de Meurthe-et-Moselle.

Nommé au concours d'agrégation de Médecine en 1920, Louis Caussade a été chargé de divers enseignements : cours complémentaire de clinique médicale élémentaire, conférences de diagnostic médical. En 1922, il fut nommé à la direction du service des maladies contagieuses. La disparition soudaine de Paul Haushalter devait l'orienter définitivement vers la Pédiatrie. Dès 1925, il fut affecté à la direction du service de pédiatrie et chargé de cours d'hygiène et de pathologie médicale infantile. Puis, il a été nommé médecin-chef de l'Hôpital-Hospice J.-B. Thiery à Maxéville et de la Pouponnière départementale des Enfants assistés de Saint-Stanislas. En 1929, il fut promu professeur titulaire de clinique de maladies des enfants. Ainsi donc, rapidement, Louis Caussade a été appelé à succéder à P. Haushalter dans toutes ses fonctions universitaires, hospitalières et médico-sociales. Bien que la médecine infantile fût, à l'époque, moins différenciée que maintenant, la succession s'annonçait lourde pour un homme qui n'avait pas eu une formation spécifiquement pédiatrique, car Haushalter, fondateur de la pédiatrie lorraine, illustra sa chaire par son enseignement et ses nombreux et importants travaux scientifiques.

La tâche était d'autant plus complexe que l'accession de L. Caussade à la chaire de Pédiatrie a eu lieu à une période charnière qui a vu l'épanouissement de cette discipline. Sur le plan hospitalier, on assista à un accroissement rapide du nombre des entrées : celui-ci a rapidement passé de 500 par an à environ 1000 à la veille de la guerre de 1939-1945. Puis, il monta rapidement à plus de 5000 au cours des années suivantes. Par bonheur, le service de pédiatrie avait pu disposer, dès 1931, des nouveaux locaux situés au pavillon Krug et qui, à l'époque, pouvaient passer pour un établissement ultra-moderne. Parallèlement, les charges d'enseignement devenaient de plus en plus lourdes du fait de l'augmentation du nombre d'étudiants, de la création de l'attestation, puis du certificat de pédiatrie, de la participation à l'enseignement du personnel para-médical : assistances sociales, infirmières, puéricultrices. Au surplus, les activités pédiatriques devaient rapidement dépasser le cadre hospitalo-universitaire et accorder une place croissante aux établissements et aux organismes voués à la pédiatrie préventive. Grâce à un travail acharné, utilisant à plein ses capacités éminentes d'enseigneur, de clinicien et d'hygiéniste, le professeur Caussade s'adapta rapidement à ses nouvelles fonctions et sut maintenir la renommée pédiatrique nancéienne au niveau enviable auquel l'éleva son prédécesseur.

Les premiers travaux scientifiques de notre Maître furent consacrés à des problèmes de pathologie d'adulte. Citons d'abord le mémoire sur la cytologie des liquides gastriques. Dans ce travail, rédigé en 1913, au cours de l'Internat, pour l'obtention du prix Heydenreich-Parisot, il démontrait l'intérêt de cette technique pour le diagnostic du cancer de l'estomac. L'essor actuel du cyto-diagnostic des différents cancers viscéraux est venu confirmer les notions établies par le Maître nancéien il y a 50 ans. Au cours de la guerre, ses fonctions de bactériologiste lui ont permis de rédiger sa thèse de doctorat sur les ventricules latéraux dans la méningite cérébro-spinale. Ce travail comporte une étude détaillée de l'anatomie pathologique, de la symptomatologie, du diagnostic et du traitement des formes ventriculaires de la méningite à méningocoques. Il obtint le prix de thèse en 1916.

A la fin de la guerre, l'examen de nombreux soldats atteints d'insuffisance aortique d'origine rhumatismale le conduisit à démontrer que le souffle diastolique qui caractérise cette affection est situé plus souvent à gauche qu'à droite du sternum. Plus exactement, au début de la maladie, il siège toujours à gauche. Ultérieurement, l'hypertrophie du ventricule gauche déplace l'axe aortique et le siège du souffle vers la droite. Citons, également, ses recherches sur les phréno-péricardites adhésives, sur la forme cardiaque de la fièvre typhoïde, sur l'encéphalite léthargique, le tétanos, la myopathie, les néphrites de guerre, la simulation des maladies. Il rédigea avec J. Parisot un important rapport sur le traitement des gangrènes pulmonaires, présenté en 1925 au Congrès de Médecine de Nancy, et avec Trémolières, un travail sur les maladies du péritoine pour le traité de Médecine de Sergent, Ribadeau-Dumas et Babonneix.

A partir de 1925, l'accession à la Clinique des Maladies des Enfants orienta définitivement l'activité scientifique du Professeur Caussade vers la pédiatrie. En 1929, il rédigea, avec P. Parisot, un rapport sur les sévices envers les enfants qui fut présenté au Congrès Français de Médecine légale. Dans ce travail, il insista sur la fréquence, insoupçonnée auparavant, des agressions subies par le petit enfant, sur la variabilité de leur expression clinique et sur les problèmes sociologiques, psychologiques et médico-légaux qu'ils soulèvent. Ce travail ne suscita que peu d'écho dans les milieux pédiatriques. Ce n'est qu'après la guerre que le problème, repris par les auteurs anglo-saxons et ainsi rajeuni, avait acquis droit de cité dans notre pays et suscité de nombreux travaux « de contrôle » rédigés par les successeurs du Maître nancéien.

Nombre des travaux de L. Caussade ont été consacrés à des sujets explorés par son prédécesseur. Ainsi, il étudia les formes graves et malignes de l'acrodynie : chez 3 enfants la maladie a évolué d'une façon dramatique vers le collapsus, suivi de coma et terminé par la mort. Les contrôles anatomiques ont mis en évidence l'absence de manifestations inflammatoires ; au niveau de l'encéphale et de la plupart des viscères l'on notait la dilatation et la congestion massive des capillaires et des veinules, gorgés de sang et, par endroits, totalement thromboses. Ces manifestations cliniques et histologiques reproduisent, assez fidèlement, celles décrites au cours du syndrome malin des infections infantiles. Elles impliquent l'altération du système neuro-végétatif, confirmant ainsi la primauté des atteintes de ce système au cours de l'acrodynie, conception défendue par P. Haushalter.

Dans le même ordre d'idées, on peut citer les travaux sur la syphilis congénitale, la paralysie générale infantile, la méningite tuberculeuse du nourrisson, la tuberculose transplacentaire. L. Caussade a publié la première observation française de guérison de la méningite pneumococcique par les sulfamides et la première statistique de traitement sulfamide des pneumonies et broncho-pneumonies à pneumocoque. Il consacra plusieurs travaux au dépistage des carences frustres en vitamine A, grâce à l'étude de l'héméralopie débutante, pratiquée à l'aide d'un adaptomètre construit par le Professeur Thomas. L'appareil fut étalonné sur un groupe d'enfants sains qui reçurent de la vitamine A. Sa sensibilité fut vérifiée sur des enfants soumis, durant 90 jours, à un régime pauvre en vitamine A : leur seuil d'adaptation lumineuse fléchit pour remonter rapidement après l'administration de vitamine A la ramena à la normale en 7-21 jours. Ces études ont démontré la maniabilité et la sensibilité du test d'adaptation lumineuse pour le dépistage des carences frustres en vitamine A. Elles prouvent que ces carences ne sont pas exceptionnelles chez les enfants de classes pauvres, soumis à une alimentation insuffisante et déséquilibrée.

En 1947, il rédigea avec P. Florentin et N. Neimann un rapport sur les tumeurs malignes primitives des organes de la cavité générale chez les enfants. A l'époque, le problème du cancer intéressait peu les pédiatres. On admettait que cette maladie était rare chez l'enfant et qu'elle évoluait inéluctablement vers la mort. Le rapport, qui comptait 169 pages, se proposait de faire le point de nos connaissances grâce à l'analyse de 1600 observations publiées en France et à l'étranger. Il comportait l'étude clinique et histologique de ces observations, classées par organes. Dans une deuxième partie, synthétique, ont été étudiées l'étiologie, le pronostic et la pathogénie de ces tumeurs. Cette étude a précisé l'originalité clinique, histologique et pronostique du cancer chez l'enfant. Elle a mis en évidence la fréquence des tumeurs embryonnaires, consécutives à la persistance de blastèmes qui gardent des capacités évolutives anormales. Ces cancers dysembryoplasiques sont particulièrement fréquents chez le nourrisson. Une place de choix a été réservée aux cancers des glandes endocrines, sécrétant des hormones. Par la suite, d'autres travaux ont été consacrés à Nancy au cancer infantile : une étude sur 50 enfants cancéreux observés à la Clinique de Pédiatrie de Nancy entre 1947 et 1953, des travaux sur les sympathomes, la maladie de Cushing, l'hémangioendothéliome, la leucose aiguë, la maladie de Letterer-Siwe, les tumeurs à manifestations endocriniennes : cancer virilisant de la surrénale, tumeur de la granulosa, tumeurs virilisantes du testicule et du diencéphale. D'autres études ont été consacrées à la puberté précoce. Ainsi, fut soulignée la différence entre la puberté précoce vraie, complète, qui pouvait être due à une tumeur diencéphalique ou à une simple anticipation de l'installation pubertaire et les fausses pubertés précoces dues aux tumeurs sécrétantes de la surrénale, du testicule et de l'ovaire.

Le rôle de l'intoxication oxycarbonée gravidique à l'origine des encéphalopathies infantiles fut démontré chez 3 enfants. Le passage transplacentaire du CO se fait aisément et son accumulation dans l'organisme du foetus peut déterminer des lésions graves de l'encéphale, semblables à celles de l'anoxie. La nosologie de la myatonie congénitale, discutée d'abord en 1939, a été étudiée, à nouveau, en 1948. On peut conclure à l'origine neurogène de la maladie qui est transmise par un gène autosomique récessif. L'école pédiatrique de Nancy publia en 1948 la première étude d'ensemble française consacrée à la fibrose kystique du pancréas. Les différents aspects cliniques et histologiques de cette maladie ont été étudiés à nouveau de 1949 à 1951. Plusieurs études ont été consacrées aux affections génétiques de l'appareil locomoteur : hypertélorisme de Greig, Gargoïlisme, maladie de Morquio, maladie d'Ellis-van-Creveld, myosite ossifiante progressive, arthrogrippose. On peut signaler, également, les travaux sur l'afibrinogènie congénitale, sur la maladie de Peutz et l'épidermolyse bulleuse. Dans le cadre de la pathologie infectieuse, figurent les études consacrées à l'exanthème subit, au mégalérythème épidermique, de même que les travaux sur la fièvre typhoïde du nourrisson et le purpura gangreneux. Mentionnons encore la premières observation française sur les manifestations pulmonaires dues à l'ingestion de pétrole, des études sur les intoxications infantiles et, plus spécialement, celles consacrée à l'intoxication par le chlorate de potasse, la nicotine et la méthémoglobinémie consécutive à l'ingestion d'eau de puits. Louis Caussade rédigea, dans le Traité de Médecine des Enfants de Nobécourt et Baboune, paru en 1934, le chapitre consacré aux intoxications en pédiatrie.

Ces nombreux travaux étaient rédigés dans un style clair, alerte et précis. Notre Maître n'a jamais consenti à accorder la caution de sa signature à un article mal documenté, bâclé ou mal écrit. Tout aussi brillant était son enseignement oral. Au lit du malade, il excellait à analyser les étapes du diagnostic. Dans un tableau clinique complexe, il savait dégager la manifestation principale ou, comme il aimait le dire, le maître-symptôme. Après l'identification et l'analyse minutieuse de ce signe privilégié, il procédait à l'analyse des autres symptômes et des constatations tirées des examens paracliniques qui s'ordonnaient harmonieusement dans le tableau d'ensemble. Puis, la discussion s'étendait aux indications thérapeutiques et aux enseignements d'ordre général qu'on pouvait tirer de cette observation. Tout cela était exposé avec un enthousiasme, une éloquence et une vivacité qui charmaient les plus blasés. L. Caussade était également un conférencier prisé. Désireux de rendre service aux praticiens, il affectionnait les sujets de pratique quotidienne. L'exposé, bien ordonné, clair et concis, était émaillé de boutades et de comparaisons imagées qui fixent l'attention et stimulent l'imagination.

Au lendemain de la guerre, désireux d'instaurer des liens solides avec la Faculté renaissante de Strasbourg, il fonda avec le Professeur R. Rohmer, la réunion pédiatrique de l'Est. Cette première association de pédiatres provinciaux, née dans un climat d'amitié et d'estime, fut bientôt élargie par l'incorporation de l'école lilloise. Récemment, elle s'étendit aux jeunes facultés de Reims, Besançon et Amiens. Elle organise des réunions périodiques auxquelles assistent régulièrement nos collègues belges et luxembourgeois.

Les qualités de médecin hospitalier de L. Caussade ne le cédaient en rien à celles du professeur. Conscient de l'importance de sa mission et de l'étendue de ses responsabilités, il apportait à l'exercice de ses fonctions hospitalières une minutie et une rigueur extrêmes. En 1931, six années après sa nomination aux fonctions de Chef de Service de pédiatrie, il a pu aménager dans les nouveaux locaux, situés dans le pavillon Krug dont il élabora les plans et surveilla la construction. Ce service, qui passait à l'époque pour une formation modèle, s'avéra peu à peu insuffisant du fait de l'afflux de malades. Conscient des inconvénients graves, sanitaires et psychologiques qu'entraîne l'hospitalisation prolongée des enfants, il s'appliqua à améliorer l'équipement et le fonctionnement de cette formation et à abréger la durée de l'hospitalisation. Tout en répartissant la besogne entre ses collaborateurs, il mettait au service de ses petits malades son grand savoir et un sens clinique aiguisé. Il leur prodiguait aussi les ressources d'un coeur infiniment compatissant. Sa bonté naturelle s'épanouissait au contact des enfants malades et de leurs parents. Il trouvait, pour chacun, des mots d'espoir et de réconfort. La profondeur de certaines détresses l'affligeait et je revois la crispation de ses traits quand il fallait préparer au pire une mère effondrée.

Dès son accession à la Chaire de Pédiatrie, L. Caussade a compris que l'activité d'un professeur de pédiatrie ne saurait se limiter aux problèmes d'enseignement et de soins aux malades. Pour être fructueuse, pour agir efficacement contre la morbidité et la mortalité infantile, cette action doit dépasser les cadres hospitalo-universitaires et s'étendre au vaste et prometteur domaine de la pédiatrie préventive. Aussi, tout naturellement, est-il venu apporter son concours à Jacques Parisot qui, précurseur en matière de médecine sociale, a fondé son admirable Office d'Hygiène Sociale, destiné à guider et à coordonner les efforts, auparavant dispersés, pour la lutte contre les fléaux sociaux. Dès 1928, L. Caussade a assumé la direction de la section de protection infantile de cet organisme dont il devint, par la suite, vice-président. Non content d'inspirer et de diriger cette section sur le plan administratif et technique, il s'appliqua à intéresser à l'action préventive les médecins praticiens, les administrations, la Sécurité Sociale, les Allocations Familiales.

Au surplus, il assuma la charge de la surveillance périodique des enfants traités dans les établissements créés par l'Office d'Hygiène Sociale : Centre de placement familial de Thorey-Lyautey, Maison de la Mère et de l'Enfant de Flavigny. Il accepta, également, la direction technique et la présidence du Conseil d'administration du Centre de Protection de l'Enfance de Blâmont. En 1955, atteint par la limite d'âge et déchargé de ses fonctions hospitalo-universitaires, il intensifia son action médico-sociale au sein de l'O.H.S. et dans les nombreuses commissions qui, sur le plan régional et national concourrent à la protection infantile. Ainsi donc, notre Maître assuma pleinement sa mission de Chef d'école pédiatrique, dans ses triples aspects : universitaire, hospitalier et social.

Il a voulu exprimer la passion qu'il éprouvait pour la pédiatrie en faisant graver sur le médaillon que ses amis, collègues et élèves lui offrirent en 1957, une inscription latine qui dit : « Une fois qu'on a commencé à soigner les enfants, il n'y a rien d'autre à quoi l'on aimerait consacrer son travail et sa vie. » A toutes ses qualités, il convient d'ajouter celle de chef d'école. Pour ses nombreux élèves, il fut un patron aussi exigeant qu'affectionné. Il manifestait, à chacun, un intérêt paternel, prompt à se dresser à sa défense et à se réjouir de ses succès. Dans toutes les circonstances de la vie, nous étions assurés à trouver, auprès de lui, conseils et soutien efficace. A la fin de sa vie, frappé par un mal inéluctable, il n'a pas voulu s'abandonner à la souffrance et continuait à nous prodiguer ses conseils, et à s'intéresser à nos travaux. Il a affronté l'ultime épreuve avec un courage admirable.

Les travaux scientifiques et l'activité médico-sociale de L. Caussade lui ont valu une réputation flatteuse auprès de ses pairs et l'estime des pouvoirs publics. Il avait fait partie de nombreux organismes et commissions régionales. Ainsi, il fut nommé dans le cadre de notre département, membre du Conseil d'Administration des établissements de médecine préventive et de récupération sociale, du Comité régional d'action sanitaire et sociale, du Conseil de Famille des Enfants assistés, de la Commission départementale de la Natalité, de la Commission de Protection des Enfants du premier âge, de la Commission régionale d'Action sanitaire et sociale et directeur du Centre d'Education sanitaire. Sur le plan national, il fut nommé vice-président de la Commission nationale de l'Enfance du Conseil permanent d'Hygiène sociale au ministère de la Santé publique, et membre du Conseil national d'Hygiène scolaire. Il a fait partie du Conseil de l'Université de Nancy, du Comité consultatif des Universités et du Conseil d'Administration de l'Institut régional d'Education physique.

L'estime qu'inspirait l'oeuvre de L. Caussade s'est exprimée par son élection dans de nombreuses sociétés scientifiques : Société de Médecine, Réunion biologique et Société d'Obstétrique et de Gynécologie de Nancy. Il fut, également, président de la Réunion pédiatrique de l'Est et de la Société française de Pédiatrie. De nombreuses décorations lui furent conférées : il était titulaire de la Croix de Guerre, de la rosette de la Légion d'Honneur et de la Santé Publique, de l'Instruction Publique, de la Médaille d'argent des Epidémies et de la Médaille de vermeil de l'Académie de Médecine.